Gwenaële Boucher : vigneronne en Corse

Le 03/05/2018 à 11:48 par La rédaction
Gwenaële Boucher auprès d’une de ses vignes de cépage corse Niellucciu. (crédit : Domaine de Granajolo)

Gwenaële Boucher est viticultrice au domaine de Granajolo, à Sainte-Lucie de Porto-Vecchio en Corse. Vingt hectares de vignes, de cépages corses en majorité, sont plantées en 1974 par son père et conduites aussitôt en bio. “Mon père travaillait par passion et conviction, il n’était pas pris au sérieux à l’époque, se souvient Gwenaële.  Peu équipé, il travaillait comme il pouvait. La gestion de l’herbe était assez compliquée avec sa vieille décavaillonneuse, sur les pieds tordus des ceps.” Quand elle reprend le domaine en 2003, la viticultrice effectue un gros travail de restructuration du vignoble. “Beaucoup de pieds manquaient sur certains rangs, parfois jusqu’à 70 % dans les parcelles.” Mais la jeune vigne plantée dans les trous des rangs ne prend pas à côté de la plus vieille… “J’ai donc tout arraché et tout replanté, en tige haute, avec un palissage, afin de faciliter le passage des outils pour le désherbage.” Aujourd’hui elle arrive à maîtriser l’herbe, mais parfois, effectue toujours jusqu’à quatre passages. Côté protection phytosanitaire, alors que son père se passait du cuivre, Gwenaële Boucher ne fait pas d’impasses. “Ma stratégie est d’apporter régulièrement une information à la vigne, pour qu’elle réagisse. Je passe parfois tous les huit jours, mais avec des microdoses de produits.” En revanche, les ravageurs ne sont pas présents dans ses vignes. "Notre souci est plutôt les sangliers qui viennent manger toute la récolte ! Nous avons dû clôturer nos 20 hectares !” Autre préoccupation : la sécheresse qui sévit ces dernières années. “Notre vigne est bien vivante, elle a réussi à supporter les grosses chaleurs estivales. Mais le problème c’est lorsque il ne pleut pas assez l’hiver, comme cette année. La vigne n’arrive pas à faire assez de réserves.”
Pour l’avenir, Gwenaële envisage de construire un nouveau bâtiment pour vinifier, plus grand et plus proche du vignoble. “Nos vignes rentrent de plus en plus en production.” La vigneronne est confiante pour l’écoulement de ces futures bouteilles. “C’est extraordinaire ce qui se passe pour les vins bio. J’espère juste que nous réussirons à terme à avoir des prix encore plus rémunérateurs.”
Frédérique Rose