Coup de théâtre pour la viticulture bio : la Commission européenne annonce mi-juin l’abandon du projet de cahier des charges européen sur la vinification bio. Les vignerons ne pourront donc pas apposer sur leurs bouteilles l’Eurofeuille, le nouveau logo bio européen.
“C’est une grande déception, reconnaît Yves Dietrich, vigneron bio alsacien, membre du comité vin et du comité bio de l’Inao, qui a présidé le groupe de convergence français lors des négociations européennes. On a travaillé trois ans sur ce projet, on était si près du but.” Mais personne ne veut en rester là et les vignerons bio repartent déjà à la charge. “Nous avons une lourde responsabilité, explique Pierre-Abel Simonneau, responsable de la charte Fnivab. Sans cahier des charges européen, n’importe qui peut communiquer sur le vin bio sans contrainte par rapport à la vinifi cation !” La crainte est générale : ce statu quo risque de légitimer des pratiques trop laxistes. “La grande industrie du vin va se mettre à faire du vin bio et après, ce sera très dur d’imposer un texte plus restrictif”, ajoute Yves Dietrich.
Trouver des alliés
Doter la viticulture bio d’une charte de vinifi cation reste donc un impératif. Première solution explorée : élaborer une charte de vinifi cation bio nationale. Mais pour cela, il faut l’accord de Bruxelles, qui pourrait se déclarer incompétente – ou tout du moins, pas prête – sur ce dossier, laissant ainsi la possibilité aux États d’établir des règles à sa place. Côté ministère, en France, on semble prêt à abonder dans ce sens. “Le logo AB, propriété de l’État français, pourrait être utilisé pour une éventuelle charte nationale de vinifi cation bio”, indique Pierre-Abel Simonneau. Mais pour l’heure, rien n’est acquis. Une deuxième solution est explorée : la création d’une charte privée nationale, voire européenne, mais sans possibilité de logo bio. “Nous voulons montrer qu’il est possible de s’accorder autour d’une même charte bio”, souligne Richard Doughty, administrateur de la Fnivab. Dans tous les cas de figure, les vignerons français se cherchent des alliés, afin de réunir un maximum d’États sous une même bannière avec, si besoin des différences à la marge, par pays – par exemple pour l’acide ascorbique, réclamé par l’Espagne. “Nous avons besoin d’une charte forte au niveau européen”, assure Yves Dietrich.