POUR UN VIRAGE PLUS RADICAL
Nos paysans sont-ils bêtes et méchants, s’interroge de façon très provocatrice Pierre Lance dans Les 4 Vérités hebdo-25/02/09. L’agriculture va mal parce que devenue intensive, synonyme de contre-nature, estime l’écologiste de droite. Les paysans sont responsables “en partie sans doute” mais “leur principale erreur n’est-elle pas de s’être laissés guider par des professeurs d’agronomie, eux-mêmes influencés par les fabricants de pesticides, fongicides, insecticides et autres antibiotiques, et puis d’être tombés sous la mainmise des banques prêteuses et sous la pression de gouvernements voulant nourrir à tout prix les hordes natalistes d’une planète surpeuplée”. Prédisant une apocalypse alimentaire, l’auteur plaide avec insistance pour une réduction mondiale de la natalité. Puis, revenant à l’utilisation excessive des pesticides dont les agriculteurs sont les premières cibles, l’auteur réclame “des cultures naturelles et saines”. “La demande d’aliments bio ne cesse d’augmenter en France, mais nos paysans sont incapables d’y répondre et nous devons importer 50 % de notre consommation bio”. S’il n’y a pas assez d’aides, “à qui fera-t-on croire qu’une filière de production qui a déjà deux fois plus de clients potentiels qu’elle n’est capable d’en satisfaire ne peut se développer sans aide publique ?”, conclut le chroniqueur.
TROP PEU DE MOTIVATION POUR SON ENVIRONNEMENT
Au niveau des pesticides, la France est “parmi les cancres” puisqu’elle consomme 3,4 kg de produits phytosanitaires par hectare de surface utile alors que la moyenne européenne est de 2. Toutefois, il n’est “pas si simple” de se passer d’eux, convient L’Expansion-mars en évoquant “les freins au changement [qui] sont légion”. Il y a d’abord “l’aversion au risque”. Ensuite, “en France, les coopératives jouent un rôle majeur dans la diffusion des pesticides : elles conseillent les agriculteurs sur la protection de leurs plantes, leur vendent des produits et ont intérêt à les pousser au rendement, car elles commercialisent leurs récoltes”. Il y a aussi les “choix politiques” avec le peu de recherche en variétés résistantes, l’interdiction de vente de semences de variétés de céréales mélangées, etc. L’auteur n’oublie pas les consommateurs qui cultivent le paradoxe. En effet, ceux-ci réclament moins de pesticides tout en recherchant des fruits et légumes sans défauts esthétiques… Les consommateurs ont des aspirations contradictoires, relève également Guillaume Goubert dans l’éditorial de La Croix-20/02/09, “ils veulent des aliments à la fois authentiques et bon marché”. Toutefois, de nombreux Français souhaitent revenir à une alimentation de qualité, le boom de la vente des produits bio comme le développement des Amap en sont la preuve. La crise économique peut casser cette dynamique mais aussi, à l’inverse, pousser les consommateurs “à redécouvrir l’importance de valeurs premières : se loger, se nourrir…”.
Notre revue de presse se veut un éclairage utile sur ce qui se dit sur la profession, en bien ou en mal, mais ne représente pas nécessairement l’opinion de la rédaction de Biofil sur les sujets traités.
Achetez le Biofil N°64, Mai-juin 2009