La pisciculture bio est un tout jeune secteur. Si la France a été leader en créant un cahier des charges au début des années 2000, ce n’est que depuis le 1er juillet 2010, avec un règlement spécifique, que la production bio de poissons est dotée de règles européennes.
3 questions à Marine Levadoux, directrice du Cipa, interprofession française des poissons d’aquaculture
Quelle est la place de la bio dans le plan de filière piscicole ?
Accompagner le développement de l’offre en poissons issus de l’aquaculture bio fait l’objet d’une action dédiée dans le plan de filière piscicole. Avec plus de 8 % des poissons en bio, la filière souhaite poursuivre le développement de la bio. Néanmoins, celui-ci est conditionné par les évolutions à venir du règlement européen (densités maximales, contraintes sur l’alimentation, conditions de production d’alevins biologiques n’encourageant pas à la conversion d’écloseries).
Quelle est la stratégie du Cipa vis-à-vis du bio ?
Le Cipa a participé à l’élaboration du cahier des charges français puis aux discussions sur le contenu de la réglementation européenne de 2009. Il a été l’une des premières interprofessions à compter une commission bio en son sein. Le Cipa plaide pour un cahier des charges réaliste, différenciant et crédible. Ainsi, il a souhaité imposer des distances minimales entre sites de grossissement conventionnels et bio alors que le règlement européen n’en fait pas une obligation. La profession française a demandé à la Commission européenne de faire évoluer la réglementation pour pouvoir disposer d’une liste de produits de nettoyage et de désinfection utilisables en présence des poissons afin de favoriser la prévention en matière zoosanitaire et permettre la production d’alevins bio.
Comment analysez-vous le développement de la pisciculture bio ?
La filière piscicole française a été pionnière dans l’élaboration d’un cahier des charges pour la production aquacole biologique. Il a fallu attendre 2010 pour l’entrée en vigueur d’un règlement qui a défini un ensemble d’exigences à respecter autorisant la commercialisation sous le label “agriculture biologique” sur le territoire européen. Les différences de définition de ce mode de production entre les différents pays européens ont ainsi pu être limitées. Cette clarification, conjuguée à l’essor de la demande des consommateurs, a favorisé un développement important du bio au sein de la filière piscicole française : de 700 tonnes en 2007, le volume est passé à 3 500 tonnes en 2018. La France est ainsi le leader européen de la production de truite bio en eau douce.