Si la protection des cultures reste un souci mineur en PPAM bio, l’Itepmai travaille sur les maladies et ravageurs principaux, à la recherche de solutions alternatives. En insistant sur la nécessité d’une lutte efficace en amont.
Les points clé de la réussite en PPAM bio sont identifiés (maîtrise du désherbage, du chantier de récolte, qualité du séchage et de la conservation) ; mais qu’en est-il de la protection des cultures ? Si les PPAM sont des plantes sauvages, rustiques, sontelles pour autant indemnes de maladies et ravageurs destructeurs ? Pour Rémi Bonnaure, technicien d’expérimentation en charge de l’agriculture biologique à l’Institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales et aromatiques (Itepmai), “c’est vrai qu’il n’y a pas de grosse pression, et les pratiques de protection sont ponctuelles.” Quelques points noirs existent cependant en PPAM : citons notamment les mildious, celui du basilic, du persil, la rouille de la menthe, la cécidomyie de la lavande. Et surtout, le dépérissement de la lavande et du lavandin, qui questionne et hypothèque l’avenir de ces cultures (Biofil y reviendra dans un prochain article). À l’Itepmai, la recherche en bio (lire en encadré) est orientée sur la protection des cultures – d’autres axes développés au sein de l’institut pouvant bien entendu être utile en bio autant qu’en conventionnel (par exemple les études d’optimisation des stades et dates de récolte, etc.).
Une lutte en amont
“Nous réalisons des essais de produits ou des essais de lutte physique contre les bioagresseurs, indique Rémi Bonnaure. Avec, par exemple, en 2011, l’homologation d’un insecticide naturel efficace, à base de spinosad, pour lutter contre Arima marginata, un ravageur des labiées aromatiques.” Rappelons que plusieurs produits de protection des cultures sont autorisés en bio sur PPAM : pour les fongicides, il s’agit du sulfate cuivre (2 spécialités commerciales), de l’hydroxyde de cuivre (5 spécialités commerciales), et du soufre ; pour les insecticides, le Success 4, et le Bt ; et pour les stimulateurs des défenses naturelles, le Serenade max.
Mais “l’approche phytosanitaire classique a rapidement ses limites en bio”, rappelle le technicien. Par exemple, sur le mildiou du basilic, les essais menés avec des produits bio en phase de test montrent une efficacité moyenne et au final, la plante présente une qualité insuffisante par rapport aux attentes des acheteurs. “La solution passe par la connaissance de la maladie, l’amélioration des techniques culturales, le choix d’une fertilisation adaptée – car cela peut jouer un rôle dans le développement des maladies –, le choix de variétés résistantes ou tolérantes sur lesquelles nous travaillons à l’Itepmai, ou encore la biodiversité fonctionnelle (1). La lutte doit être faite en amont.” En terme de variétés tolérantes, citons, entre autres exemples, “Perfolia 1”, une variété de millepertuis perforé mise au point à l’Itepmai, qui a une bonne tolérance à l’anthracnose.
Des molécules d’intérêt
L’Itepmai travaille aussi sur le potentiel des PPAM pour la protection des cultures. Elles pourraient en effet fournir des molécules d’intérêt, pour répondre au besoin fort d’alternatives aux méthodes classiques dans ce domaine. Pour la filière, de nouveaux débouchés pourraient émerger. Une synthèse bibliographique pointue sur les produits naturels en protection des cultures a été réalisée en 2010. À l’initiative de l’Itepmai, un projet de recherche multipartenarial, porté par Végépolys et dénommé Green Protect, vient d’être lancé pour les 4 années à venir. Une trentaine d’espèces vont être étudiées dans ce cadre, avec comme objectif la réalisation de cribles des différents extraits (solution aqueuse, solution alcoolique, huile essentielle). Le but est de mettre sur le marché des produits naturels et homologués.
Myriam Goulette
(1) Retrouvez sur www.itepmai. fr une synthèse très complète sur la biodiversité fonctionnelle, mais aussi de nombreuses fiches téléchargeables : fiches maladies, etc.
Un pôle bio
L’Itepmai, organisme interprofessionnel, existe depuis 1980, avec une mission de recherche appliquée, sur deux sites d’expérimentation, l’un à Chemillé, en A njou, et l’autre à M ontélimar dans la Drôme. C’est là qu’un pôle bio a démarré en 2000, avec le recrutement d’un ingénieur spécialisé. Son objectif est d’être en phase avec une filière où la bio est un mode de production très représenté, avec plus de 13 % des PPAM produites en bio en 2010 – un chiffre largement supérieur à la moyenne nationale, toutes filières confondues. Sur les 80 adhérents de l’institut (producteurs, transformateurs, laboratoires, etc.), près de la moitié avait en 2008 une activité bio – des chiffres encore en augmentation depuis. U n comité interprofessionnel de programmation permet tous les ans de définir quels doivent être les axes de recherche à développer.