Lavande et lavandin : l’essentielle au Gaec de Fraysse (84)

Le 15/02/2015 à 12:19 par La rédaction

Étape du voyage sur les plantes à parfum, aromatiques et médicinales organisé en novembre 2014 dans le Sud Est de la France par le Comité Bio du CPPARM (1), le Gaec de Fraysse cultive lavande et lavandin. La distillation en huile essentielle repose sur une organisation coopérative.

Le Gaec de Fraysse a obtenu, cette année, 1 tonne d'huiles essentielles de lavande et 2 tonnes de lavandin.
Le Gaec de Fraysse a obtenu, cette année, 1 tonne d'huiles essentielles de lavande et 2 tonnes de lavandin.

Entre le Mont Ventoux et la Montagne de Lure, le plateau d’Albion se caractérise par une altitude montagnarde (800 m minimum) et un ensoleillement méditerranéen. Spontanément, la lavande Angustifolia colonise les coteaux argilo-rocailleux de cette zone ; bien évidemment, les agriculteurs ont participé au développement de sa culture. Le plateau d'Albion est en effet la plus grosse zone de production de lavande française avec plus de 1500 hectares et le lavandin s'y est développé au cours des dernières décennies (plus de 4000 hectares). Aujourd'hui, les producteurs bio font partie de cet ensemble bien organisé.

3 tonnes d’huile essentielle

Frédéric Chanu et son frère Pierre sont à la tête du Gaec de Fraysse, situé à Sault, dans le Vaucluse. Installés en 1981 sur une exploitation cultivant déjà lavande et lavandin, ils sont passés à l’agriculture bio en 2009, un passage qui a nécessité quelques investissements, notamment en matière de désherbage mécanique (herse étrille, bineuse). Sur des sols argilo-calcaire, caillouteux, ils cultivent 30 hectares de lavande, 20 ha de lavandin, 20 ha de prairie, 20 ha de céréales (principalement du petit épeautre) et 4 ha de sauge sclarée, le tout sans irrigation.

La majorité du matériel de travail du sol et d'entretien des cultures est disponible sur la ferme ; une petite partie provient de la Cuma.

La fertilisation est gérée dans la rotation et les pailles distillées de lavande et lavandin sont compostées et épandues avant les mises en culture. L'exploitation est tout de même déficitaire en compost et une réflexion est en cours pour optimiser le plan de fertilisation. La récolte s'effectue en "vert broyé" avec une coupeuse à disques munie d'un broyeur et d'une caisse automatique (coupeuse REY). Cette année, 1 tonne d'huiles essentielles de lavande et 2 tonnes de lavandin ont été produites. Elles sont commercialisées via la coopérative Parfums Provence Ventoux, située à Sault.

Une coopérative pour distiller

Frédéric Chanu préside la distillerie de Monieux, dans le Vaucluse.
Frédéric Chanu préside la distillerie de Monieux, dans le Vaucluse.

La production est amenée à la distillerie de Monieux (Vaucluse), présidée par Frédéric Chanu. Cette distillerie est aujourd'hui à la pointe des techniques modernes d'extraction à la vapeur d'eau. Une chaudière à gaz haute pression, des caissons de distillation de 25 m3, un condenseur évaporatif qui alimente des essenciers bien dimensionnés, tout a été pensé pour améliorer l'efficacité technique et économique du chantier de récolte-distillation. « Environ 50 tonnes d'huiles essentielles sont produites chaque année dans cette distillerie qui regroupe une vingtaine d’adhérents, renseigne Frédéric Chanu. Elle fonctionne globalement du 15 juillet au 15 août, grâce à un employé qui gère l'outil et planifie les rendez-vous ».

Il faut entre 2000 et 2500 kg de vapeur pour distiller un caisson de lavande ou lavandin sur une durée de 45 minutes minimum. Les agriculteurs fournissent leurs contenants (fûts, bidons, cuves…) et récupèrent ensuite leurs huiles essentielles. La distillerie est certifiée pour produire des huiles essentielles et hydrolats biologiques : trois adhérents cultivent en bio et 2 autres sont en conversions.

Pierre-Yves Mathonnet, Chambre d’agriculture de la Drôm

(1) Comité des plantes à parfum, aromatiques et médicinales.

Investir contre les adventices

La gestion des adventices demeure le point de réflexion principal des frères Chanu. Aussi des investissements ont-ils été réalisés afin de s’équiper en matériel de désherbage mécanique : « les bonnes années, quand le climat permet un passage régulier et au bon moment sur l'ensemble du parcellaire, les adventices sont bien maîtrisées, constate Frédéric Chanu. Par contre, quand les conditions climatiques sont difficiles, avec des pluies trop régulières au printemps, le maintien de parcelles propres est beaucoup plus compliqué, voire impossible ».

Pour contrecarrer cet écueil, les producteurs font appel à des ovins. Depuis cet automne, le Gaec de Fraysse est en cheville avec un éleveur local. Son arme : un troupeau de 800 ovins qui, bien répartis et surveillés sur le parcellaire, permet un nettoyage efficace des lavanderaies. Cette technique, vieille comme la domestication de la lavande, est amenée à se développer dans les années à venir.