Ni voyez bien sûr aucun lien avec les sports d’hiver, cependant la bineuse, portée à l’arrière du tracteur, repose bien sur un système de skis pour être dirigée. Si le principe est simple, il ne manque pas de précision. En creusant au semis trois à quatre sillons avec des dents fournies par le constructeur et montées à l’arrière du semoir, la trajectoire est ainsi faite pour qu’au moment du binage, les skis se calent aisément dans les traces produites et ne dévient pas ; le nombre de sillons dépend de la largeur de travail de la bineuse choisie, équipée de 3 à 4 skis. Ces traces d’une profondeur de 5 à 6 cm sont d’ailleurs maintenues en permanence par une dent située sur la ligne et à l’arrière de chaque ski (voir photo) en prévision de prochaines interventions (1).
Mise en œuvre simple
La bineuse est équipée de dents souples avec socs type patte d’oie qui peuvent être complétées de disques protège plan pour augmenter le rendement. Pour ce qui est du réglage de la profondeur de binage, il suffit de régler la hauteur des skis sur le bâti. “C’est un outil basique mais surprenant par son efficacité et polyvalent, car on peut biner aussi bien en céréales, maïs ou tournesol, il suffit de déplacer les dents selon ses besoins”, assure Dorian Blot à Agri-Structures. Depuis les années 1990, ce constructeur de l’Essonne met au point divers matériels (2). Sa force est d’être lui-même agriculteur et donc utilisateur de ses outils. Il pratique le non labour et le semis simplifié, mais pas en bio. “J’ai réduit le recours aux “produits phytos” même si j’en utilise encore, avoue-t-il, la bineuse me sert surtout en rattrapage, notamment pour contrer des problèmes de ray-grass persistant. En revanche j’ai de nombreux clients en bio qui utilisent ce matériel.”
Témoignage en Touraine
Vincent Philippon est éleveur bio depuis 2005, installé en Touraine à Nouans-les-Fontaines. Il produit aussi des céréales, des lentilles, de la cameline et du colza. Les semis sont réalisés avec un inter-rang de 15 cm. “J’utilise la bineuse depuis deux campagnes ; elle est pour moi un compromis intéressant par rapport à des systèmes plus coûteux, tel que le serait une interface de guidage par caméra”, avoue-t-il. Pour lui, l’atout de la machine réside dans sa simplicité de réglages et d’utilisation. “C’est de la mécanique à l’état pur, réparable par n’importe quel bricoleur, estime-t-il. Un autre intérêt est que l’ensemble est installé sur un parallélogramme monté avec des mâchoires de prise de force, ce qui permet à la bineuse de garder sa trajectoire même si le tracteur dévie un peu. En fait, il faut des dents rigides montées sur le semoir pour tracer un sillon de guidage très précis.” Après l’intervention de la bineuse, le producteur passe la herse étrille sous deux jours. “La bineuse n’enlève pas tout mais fragilise les adventices et améliore l’efficacité de la herse étrille, constate-t-il. Elle oxygène aussi mes terres, des sols bourrés battants, constitués de silice et de sable, assez usant.” Seule modification faite à ce jour, le producteur a renforcé les skis avec des barres de 20 mm de diamètre en acier étiré.
Frédéric Ripoche
(1) 3 m fixe : 4900 euros HT, 6 m repliable : 10900 euros HT, version également disponible de 4 m à 6 m repliable ou en 4 m fixe, disque protège plan : 110 euros HT par unité.
(2) Notons, parmi d’autres nouveautés du fabricant, un déchaumeur et un caisson récupérateur des rafles de maïs et de menue paille.
agristructures.eu