Légumes industrie dans le Sud-Ouest : une croissance chamboulée par le climat

Le 24/03/2023 à 14:41 par La rédaction

Région du maïs doux et de la tomate industrie, le Sud-Ouest produit aussi haricots et petits pois. En 2021, la tomate a été décimée par le mildiou, et les petits pois souffrent de la chaleur et de la prolifération de plantes toxiques comme le datura.

«En 2020, on dépassait largement les 1 100 ha de légumes et fruits pour l'industrie en bio, en 2022, nous sommes à 900 ha », chiffre Stéphane Durand, directeur de la branche fruits et légumes de Terres du Sud. Des arrêts liés à des problématiques techniques en légumes plus qu'économiques. « La variabilité climatique entraîne une hausse des risques, et en plus, nous faisons face à des soucis de plantes toxiques, datura et morelle », ajoute Stéphane Durand. En production de légumes industrie, la région est dynamique, avec surtout du maïs doux, du haricot, des petits pois et de la tomate. Les producteurs sont généralement en grandes cultures, voire en légumes de plein champ. Des filières innovantes se montent, à l'instar de Picard avec le label Fnab. Blédina travaille actuellement à relocaliser une filière fraises bio industrie dans le Lot-et-Garonne. « L'objectif est de trouver des variétés adaptées au bio, locales, et au changement climatique, avec des itinéraires techniques ciblés pour la filière transformation afin d'optimiser les coûts », explique Antoine Dragon, conseiller filières, cultures légumières et arbo chez Agrobio 47.

75 % de perte en pois à cause des alcaloïdes

Chez Terres du Sud, 10 % des volumes de légumes pour l'industrie sont en bio. Les volumes sont livrés à Eureden, Conserves France, Antartic Foods Aquitaine, et pour les tomates, à l'usine du groupe coopératif Tomate d'Aquitaine, et Les Jus du Soleil. En 2022, les agriculteurs adhérents ont cultivé en bio 500 ha de maïs doux, 113 ha de tomates, 90 ha de petits pois et 65 ha de haricots. « En 2021, nous avons perdu 80 % de la récolte de tomates à cause du mildiou », chiffre Stéphane Durand. En pois et haricot, c'est la présence de plantes toxiques type datura et morelle qui pose des problèmes. « On commence à avoir des limites techniques », soupire-t-il. En petits pois, la production a été divisée par trois en 2022. « Les trois années précédentes, on en a perdu les trois quarts. Les usines n'arrivaient pas à trier », explique le directeur de la branche fruits et légumes. Les adventices proliférant dans les parcelles, le stock de graines dans le sol devient exponentiel. « À l'origine, il y a beaucoup de maïs dans la région, et on retrouve une flore qui lui est inféodée, comme les alcaloïdes ­ datura et morelle », relate Bruno PeyrouBeaudeant, à la Frab Nouvelle-Aquitaine. Le conseiller technique grandes cultures et légumes de plein champ des Landes souligne les surcoûts pour les producteurs, avec de nécessaires passages de désherbage manuel. « C'est de plus en plus compliqué en petits pois, abonde Antoine Dragon. La culture est plus fragile que le haricot, notamment aux températures. La chaleur peut griller les plants, et la fécondation est altérée. Avec le réchauffement climatique, cela deviendra peut-être difficile à terme d'en produire dans la région. » Quant au maïs doux, culture emblématique du Sud-Ouest, Stéphane Durand ne fait pas part de soucis techniques particuliers. « La pyrale peut être présente, mais elle est gérable avec des Bt ou des trichogrammes », indique Antoine Dragon.

 

Surgelés Picard : précurseur sur le label Bio Français Equitable de la Fnab

En 2020, la Fnab lance son label Bio Français Equitable : les premiers produits labellisés sont ceux du spécialiste des surgelés Picard, au départ autour d'une gamme de quatre légumes bio et locaux dans le Sud-Ouest. « Dès 2016, l'enseigne s'est interrogée sur la place du bio en France, face à une forte croissance de la demande, indique Picard. Nous nous sommes alors rapprochés de la Fnab afin de relocaliser certains de nos approvisionnements bio en France, et de renforcer les liens avec les producteurs français. » En 2021, l'offre s'est étendue dans le Sud-Est autour d'une gamme de trois nouvelles références. « Cette initiative a très bien été accueillie en interne comme en externe, auprès des clients et des parties prenantes, ajoute Picard. Nous sommes actuellement en train d'envisager le développement de gammes complémentaires au sein de nouvelles régions. » Ce label garantit au consommateur des produits bio, français, et aux producteurs un prix rémunérateur et des contrats équitables, précise la Fnab.

Marion Coisne