Le konjac débarque en France

Le 01/12/2022 à 8:52 par La rédaction

La SAS Plant innovation R&D a développé une technologie pour produire des plants bio français de konjac, et travaille sur l'itinéraire technique. Ce tubercule, jusqu'à présent absent de l'Hexagone, est utilisé pour produire des nouilles, des éponges, ou encore des gélules minceurs.

 

En culture, le konjac met trois ans à produire des tubercules suffisamment gros pou être commercialisés. (© France konjac)

Le konjac est un tubercule en forme de boule, de couleur marron. Venu d'Asie, il est destiné au marché alimentaire, mais aussi diététique ou en cosmétique. « Son indice glycémique est très faible, il est très utilisé dans les régimes minceur. Le konjac est aussi sans gluten, c'est dans la tendance », met en avant Nhung NguyenDeroche. Après cinq ans de recherches sur le konjac, en particulier sur sa multiplication in vitro, cette entrepreneuse a fondé la SAS Plant innovation R&D en 2020. Basée à Angers, cette société propose des plants de konjac, « biologiques, français, et adaptés au climat ». Cette culture est présentée au Sival, en mars 2022. Si des opportunités de marchés semblent à saisir, l'itinéraire technique est encore en cours de calage. « La demande est supérieure à l'offre », rapporte Nhung Nguyen-Deroche. Sa cible première est le marché des nouilles, aujourd'hui importées, comme la farine de konjac. Elle espère pouvoir commercialiser les premiers produits, en bio, en 2022.

« Des magasins bio sont intéressés, car pour l'instant tout est importé », ajoute la spécialiste du konjac. Le tubercule peut aussi être transformé en éponge, en gélifiant alimentaire, ou encore en complément alimentaire pour les régimes minceur.

Principal souci, le désherbage

En parallèle de ses travaux sur les débouchés, Nhung Nguyen-Deroche a planté sur sa ferme, près d'Angers, des parcelles de konjac en bio. Un agriculteur voisin travaille un itinéraire technique en conventionnel. Planté en mai, le konjac se récolte en octobre. Un cycle court, mais au départ, la plante a besoin de trois ans pour entrer en production. Après la première plantation, chaque année, un tubercule va en engendrer plusieurs, dont une partie est réutilisée pour la multiplication de semences.

Mais il faut attendre la troisième campagne avant d'obtenir des tubercules suffi samment gros, de 500-800 g, pour être transformables. Le konjac exige une terre assez légère. La principale problématique en culture, c'est le désherbage. « Une fois planté, il a besoin d'un mois pour germer », explique Nhung Nguyen-Deroche, laissant le temps aux adventices de prendre le dessus. La spécialiste teste plusieurs méthodes de lutte : binage, paillages organiques et plastiques.

Côté maladies et ravageurs, si elle ne rencontre pas de soucis, « on n'a pas assez de recul pour l'instant, et les parcelles sont petites », nuance-t-elle.

Les rendements atteignent, en bio sur sa ferme, 17 t/ha. À titre de comparaison, en Chine, ils parviennent à 30-40 t/ ha en conventionnel. « La différence s'explique par le mode de production, mais aussi par les variétés travaillées », justifie Nhung NguyenDeroche. Des travaux à suivre, même si le développement d'une filière de konjac bio français prend quelques années.

Marion Coisne


Une production tenue par la Chine

« Il y a deux pays producteurs principaux, explique Nhung Nguyen-Deroche. La Chine, qui représente 60 % de la production, et le Japon, pesant 25 %, mais qui exporte peu car c'est un gros consommateur de konjac. ». Pour la fondatrice de la SAS Plant innovation R&D, les approvisionnements chinois sont sujets à des problèmes de traçabilité, sans compter les soucis logistiques, de prix et de ruptures de stocks. Nhung Nguyen-Deroche estime que 800 t/an de nouilles sont vendues en France en magasin (hors ventes en ligne), dont 10 % en bio. « L'Europe importe deux à quatre tonnes de farine par an », ajoute-t-elle, soit l'équivalent de 2 000 à 4 000 ha de Konjac.