Jeunes pousses : un binage toujours plus précis

Le 14/12/2023 à 11:33 par La rédaction

La journée annuelle de démonstrations de matériel pour le maraîchage du CDDL et de la chambre d'agriculture a permis de voir en action des bineuses innovantes pour les jeunes pousses.

Le 12 septembre, à Villebernier, plus de 80 visiteurs, qu'ils soient producteurs, conseillers, ou institutionnels, étaient réunis à la SARL BreauLissonnet, ferme maraîchère mixte bio et conventionnelle, pour assister à des démonstrations de matériels de binage, sous une météo mitigée contrariante. Parmi la vingtaine de modèles présentés, trois, permettant de travailler sur jeunes pousses, sont encore peu connus dans l'Hexagone : la dernière-née de chez Grégoire Agri, sortie cette année, et adaptable sur le robot Trektor de Sitia, la bineuse Colibri de Oliver Agro, et la Rukaby de Feldklasse. Terrateck, présent avec le lit de désherbage Glider 500, est aussi venu avec une nouveauté : un porteur polyvalent électrique. La journée, organisée par le CDDL (comité départemental de développement légumier), le GDM (groupement de développement maraîcher) et la chambre d'agriculture des Pays de la Loire, se tient depuis plus de dix ans, chaque année en septembre (hors 2020, avec le Covid). « L'idée, c'est de faire des démonstrations de matériel en dynamique : travail du sol, plantation, destruction de couverts... », explique Maëlle Depriester, conseillère en productions légumières au CDDL et à la chambre d'agriculture des Pays de la Loire et pilote de l'événement. Cette année, la pluie n'a malheureusement pas permis de rentrer dans la parcelle prévue, rendant statique la présentation de certains matériels. D'autres ont pu être présentés en mouvement, sous abri, mais sur des planches nues. Parmi les participants, des producteurs bio comme des conventionnels, qui se tournent de plus en plus vers le désherbage mécanique avec la réduction des solutions chimiques.

Nouveauté Grégoire sur Trektor ou translateur maison

Concernant les innovations, l’organisatrice constate que « côté soc, excepté le Colibri par exemple, les formes de base ont peu évolué depuis les années 60. En revanche, le guidage se perfectionne ». Des avancées particulièrement appréciables en bio sur jeunes pousses, « où il faut être ultraprécis, rappelle Maëlle Depriester, d’autant que l’utilisation de la vapeur en plein champ est désormais interdite. Dès que les jeunes pousses sont semées, c’est une des cultures ou la gestion de l’enherbement est la plus compliquée ». Sur jeunes pousses, parmi les matériels exposés, le robot Trektor de Sitia, distribué par Jarny, était équipé de la toute nouvelle bineuse ventrale Grégoire Agri. Présenté en 2019 au Sitevi, et lauréat d’un Sival d’argent en 2020, le robot a connu sa première réelle année d’utilisation chez les producteurs, viticulteurs et maraîchers, en 2023. C’est le premier robot hybride agricole, alliant électrique et thermique (diesel). « Attention, c’est un système différent d’une voiture hybride, explique Pol Mordel chez Sitia. Le Trektor est équipé d’une génératrice qui produit de l’électricité pendant qu’il travaille ». En pratique, le robot se recharge sur secteur, avec une autonomie de 4 heures, complétée donc par le moteur thermique, avec 25 L de diesel pouvant produire 100 kW d’électricité. Grâce à ce système, Sitia annonce une autonomie de 12 h à 24 h selon les outils. La hauteur et la voie sont réglables. Le robot est muni d’un attelage trois points classiques, avec des points d’accroche derrière et entre les roues, permettant de travailler avec des outils déjà existants. « Le Trektor est équipé d’un guidage GPS avec aide centrale inertielle, complète Pol Mordel, avec la possibilité d’ajouter un guidage par caméra colorimétrique ». Côté avancement, s’il peut atteindre 9 km/h, pour du désherbage jeunes pousses, Sitia indique 1,5 km/h. La bineuse ventrale présentée avec le Trektor, de chez Grégoire Agri, « a aussi été adaptée sur un translateur à nous », indique Jean-Luc Grégoire, qui dirige la société basée en Loire-Atlantique. L’outil, sorti cette année, arrive tout juste chez les maraîchers. Il s’agit de socs plats montés sur dents articulées, avec quatre réglages de tension du ressort, un montage avec motorisation électrique, et un guidage manuel ou électrohydraulique.

Un Colibri en trois éléments

À Villebernier, le distributeur Aur1 est venu avec la bineuse Colibri, de Oliver Agro, « disponible en version définitive depuis un an », indique Sébastien Remaud. Son originalité réside dans ses trois éléments rotatifs, tournant dans le même sens que l'avancement, mais plus rapidement et de façon proportionnelle. L'outil est composé de disques dentés en acier, dont les dents, inclinées en dents de scie, sont disposées dans les espaces non occupés par les plantes : ils s'occupent de déchausser et arracher les mauvaises herbes. « La profondeur de chaque élément est réglable, afin de suivre la courbe du sol, par exemple s'il est plus bas à proximité des passe-pieds », explique Sébastien Remaud. L'écartement des disques peut aussi être réglé : le Colibri peut travailler sur des inter-rangs semés à 4,5 cm, avec une profondeur réglable et constante de 0 à 4 cm. « Sur carotte par exemple, on peut ainsi avoir un élément entre chaque rang de carotte », ajoute Sébastien Remaud. La vitesse de marche estimée par Oliver Agro est de 0,8 à 2,5 km/h sur jeunes pousses et carottes. L'outil sert également sur jeunes pousses par exemple pour réoxygéner le sol entre chaque récolte. Le guidage est commandé par une caméra dont les images sont projetées dans la cabine. Les Colibris sont adaptés sur mesure selon les cultures et en fonction des écartements entre les rangs. En fonction des équipements, le tarif est de 80 000 à 105 000 € HT.

La bineuse Colibri est composée de trois éléments rotatifs, tournant dans le sens de l’avancement (© Coisne M.)

Deux rotors pour Rukaby

La journée était aussi l'occasion de voir la bineuse Rukaby de Feldklasse. Le modèle, destiné aux planches, a son équivalent butte : Pacorel. Elle se destine au travail des jeunes pousses, et de plus aux radis, carottes ou oignons. Si elle n'est pas nouvelle, elle est encore peu répandue en France, indique Julien Leturcq chez Novaxi. L'entreprise a récupéré sa commercialisation depuis deux ans, Feldklass passant auparavant en direct. « Il s'agit d'une bineuse rotative avec deux rotors, explique Julien Leturcq. Le premier sert à casser la croûte de battance, et le deuxième, entraîné hydrauliquement enlève la croûte de battance déjà perforée ». La bineuse peut être utilisée pour des inter-rangs à partir de 5 cm, avec un écartement des disques réglables, pour des planches de 1,3 à 2 m de large. Le guidage est au choix électrohydraulique avec un joystick, ou avec une caméra colorimétrique. La vitesse de travail est de 1,5 à 6 km/h, selon la culture. Les cinq modèles vont de 1,30 m à 2,80 m, pour un prix allant de 19 000 € HT pour le modèle d’1,30 m à 25 500 € HT pour le plus large.

 

Marion Coisne

 


Du nouveau chez Terrateck

Terrateck a présenté un nouveau porteur électrique polyvalent, visant à « disposer des fonctionnalités d’une houe maraîchère mais en autoporté », explique Pierre Decourcelle, technico-commercial France. (© Coisne M.)

Présente avec la bineuse PV de chez K.U.L.T., dont Terrateck est importatrice France, l'entreprise avait aussi emmené une nouveauté : un porteur polyvalent électrique maraîcher. Encore au stade de prototype à Villebernier, il devrait être commercialisé fin 2023. « L'objectif, c'est de disposer des fonctionnalités d'une houe maraîchère mais en autoporté », explique Pierre Decourcelle, technico-commercial France chez Terrateck. Des outils de désherbage, disques, dents ou encore lames lelièvre peuvent être adaptés dessus, tout comme un petit semoir par exemple. « Le porteur permet de travailler du semis jusqu'avant la récolte », ajoute Pierre Decourcelle. Son autonomie est en moyenne de 1,5 h, selon les outils, avec une recharge en 7 h. La pression des éléments est réglable, et le porteur fonctionne en marche avant, arrière, lente et rapide. Il offre la possibilité de travailler sur des planches de 75 à 120 cm. Quant à son prix, l'entreprise indique 6 500 avec les équipements de base pour une configuration trois rangs (hors équipements, compter environ 4 000 HT). Terrateck a aussi présenté le 12 septembre un porteur électrique d'assistance ciblant plantation, désherbage et récolte, le Glider 500, commercialisé depuis trois ans. Son tarif est d'environ 9 000 HT hors option. Son petit frère, le Glider 200, est désormais disponible. Il est plus léger, mais affichant une autonomie moindre : Terrateck indique que « La version 200 est un modèle économique pour les producteurs travaillant sur petites surfaces ». Il est équipé d'un petit pack batterie 24 V qui assure une autonomie de 2 à 4 h (10 à 15 h pour le Glider 500), et pèse, hors options, 110 kg (contre 320 kg pour la machine complète deux postes du Glider 500). « Ces équipements s'inscrivent sous le label EQPower, la gamme des outils et machines électriques développés par Terrateck », explique l'entreprise. bineuse peut être utilisée pour des inter-rangs à partir de 5 cm, avec un écartement des disques réglables, pour des planches de 1,3 à 2 m de large. Le guidage est au choix électrohydraulique avec un joystick, ou avec une caméra colorimétrique. La vitesse de travail est de 1,5 à 6 km/h, selon la culture. Les cinq modèles vont de 1,30 m à 2,80 m, pour un prix allant de 19 000 HT pour le modèle d'1,30 m à 25 500 HT pour le plus large.