TÉMOIGNAGE
L’endive… ce légume est depuis 1930 la culture emblématique de l’exploitation. Pourtant lorsque les prix du marché s’effondrent à la fin des années 1980, alors que Benoît Leroy vient de prendre la succession de son père, l’avenir de la production est bien remis en question. “Pour continuer, soit on s’industrialisait soit on passait en bio”, résume l’agriculteur. Trente ans plus tard, sur les dix producteurs d’endives de sa commune, il n’y a plus que lui. “Ceux qui n’ont pas investi dans une salle de forçage se sont cassé le nez. Moi, le prix bio m’a sauvé tout en restant sur une petite structure.” Sa surface cultivable, même en la quadruplant peu à peu, ne dépasse pas 30 hectares. De quoi tenir une rotation suffisante au regard du système de production défendu par l’agriculteur pendant des années : pommes de terre, endives, céréales. Cette rotation est désormais allongée car à 58 ans, Benoît Leroy n’est plus seul sur l’exploitation. “Pour installer mon neveu et mon fils, on a développé l’asperge, la betterave rouge et le potimarron et on vient de se grouper en EARL.” La transmission de sa ferme est sur la bonne voie. “Je me donne encore cinq ans”.
En solo, rester spécialisé
Si pendant longtemps, ses collègues ont été “au mieux amusés ou étonnés” de sa pratique bio, ils sont rares à avoir fait toute une carrière sur une petite structure “en vivant correctement”. Benoît Leroy ne se réfère pas simplement à l’aspect économique : “jusqu’en 2000, j’ai fait pousser les endives en terre. Mais j’ai eu mal au dos et j’en ai eu marre. Donc je suis passé aux sacs de forçage”. Il a toujours refusé la vente directe, jugée inconciliable avec la vie de famille. “Je me suis attaché à rester spécialisé, car je suis persuadé qu’il ne faut pas s’éparpiller quand on travaille seul.” L’agriculteur reconnaît avoir pu bénéficier de la structuration d’un bassin de production.
Cécile Marcus