La croissance record du marché des légumes frais bio attire de plus en plus de producteurs. En 2017 (1), selon l’Agence Bio, 542 nouvelles fermes cultivant des légumes en production principale se sont engagées en bio. Et la tendance se poursuit. Cette activité est-elle durable ?
La production légumière change d’échelle. En deux ans, plus de 1 000 fermes spécialisées en légumes se sont tournées vers la bio. Un record ! “Ces engagements sont nécessaires pour répondre à l’envol de la demande en frais, et aussi, de plus en plus, en transformation, confirme l’Agence Bio. La filière devra poursuivre sa structuration pour les rendre pérennes dans un secteur sensible à la logistique.” Côté production, les fermes doivent assurer aussi leur durabilité et leur transmission en bio. Un défi lié étroitement à la solidité économique des structures agricoles.
Moins de chiffre d’affaires…
Rares sont les analyses économiques sur cette filière. Celle – toute nouvelle – de l’Insee, sortie en décembre 2017 (2), dévoile des chiffres d’affaires en production plein air de légumes bio un peu inférieurs à ceux du conventionnel. Certes cette étude ne porte que sur 2013, mais elle a le mérite d’exister pour la première fois au niveau national. C’est un début. Selon l’Insee, cette année-là, les maraîchers bio dégagent, en moyenne un chiffre d’affaires de 10 900 euros/hectare contre 12 500 euros/hectare en conventionnel. “En revanche, ils parviennent à maîtriser leurs consommations intermédiaires – 6 300 euros à l’hectare contre 8 100 euros à l’hectare –, observe l’étude. Grâce à leur usage d’intrants plus bas – amendements, produits de protection des plantes –, ils compensent la plus faible valeur de la production.”
Plus d’EBE…
Et comme en maraîchage, les besoins en main-d’oeuvre restent importants, tous modes de production confondus, (soit un peu plus de 40 % de la valeur ajoutée dans les deux cas), un hectare en légumes bio de plein air procure finalement 3 300 euros d’excédent brut d’exploitation (EBE) contre 2 500 euros en conventionnel. “Toutefois, la grande diversité des légumes produits et de leur localisation génère une dispersion importante des résultats entre exploitations”, nuance l’étude. Alors que 25 % des fermes légumières bio dégagent moins de 1 800 euros d’EBE par hectare, 25 % en retirent plus de 7 900 euros, soit un rapport de un à presque cinq.
Christine Rivry-Fournier
(1) Notifié au 1er semestre 2017.
(2) L’étude Insee, sortie en décembre 2017 analyse les performances économiques de l’agriculture bio en 2013, en regard de celles de l’agriculture conventionnelle, à partir d’un échantillon de plus de 30 000 exploitations dont le chiffre d’affaires dépasse 76 500 euros, et parmi elles, près de 1 800 exploitations en agriculture bio.