Les terres cultivées en bio ne cessent de s’étendre sur la planète, pour atteindre 32,2 millions d’hectares en 2007, soit une progression de 13 % par rapport à l’année précédente. Ces nouveaux chiffres 2009, dévoilés à l’occasion du salon allemand Biofach en février, ne font pas oublier que la bio ne représente encore que 0,78 % de la surface agricole totale.
Même si la progression est nette, il faut rester modeste. La part de la bio reste 5 fois moins importante que celle des plantes génétiquement modifiées qui, selon les estimations, occuperaient 150 millions d’hectares ! Mais la tendance de fond est bien réelle, comme le démontrent les statistiques de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (Fibl) et de la Fédération internationale du mouvement de l’agriculture bio (Ifoam), réalisées auprès de 141 pays. Un travail de titan qui s’affine chaque année depuis 2000, gagnant en fiabilité, pour coller au mieux à la réalité du terrain. Depuis 2008, il est pris en charge par le secrétariat d’État suisse des Affaires Économiques.
Selon ces statistiques, 1,2 million de producteurs sont engagés en bio et plus de la moitié sont africains.
Boom en Amérique du Sud et en Afrique
C’est en Amérique du Sud et en Afrique que ce mode de production respectueux des hommes et de l’environnement progresse le plus, stimulé aussi par le boom de la consommation dans les pays occidentaux. Sur ces continents, la bio concerne une multitude de paysans, bénéficiant, entre autres, de certifications collectives. En surfaces, l’Océanie reste en tête, représentant 37,6 % de la bio mondiale, suivie de l’Europe avec 24,1 % et de l’Amérique du Sud pour 19,9 %. Au palmarès des pays leaders, l’Australie reste en tête avec plus de 12 millions d’hectares, suivi de l’Argentine (2,8 M), du Brésil (1,8 M), des USA (1,6 M) et de la Chine (1,5 M). À noter que ce dernier pays a subi des réajustements statistiques qui ont revu à la baisse les 2,3 millions d’hectares comptabilisés l’an dernier ! Aux USA, la bio stagne depuis trois ans. C’est en Europe que la bio s’impose le plus dans le paysage agricole : aux côtés du Lichtenstein où le pourcentage de bio est le plus fort avec près de 30 % de la SAU, l’Autriche (avec 13 % de la surface cultivée) et la Suisse (11 %) sont les plus impliqués, suivis de la Lettonie (9 %) et de l’Italie (8 %).
Presque deux tiers des surfaces bio sont en pâtures, qui s’étalent sur 20 millions d’hectares. Les terres cultivables constituent 7,8 millions d’hectares, en nette augmentation par rapport aux années antérieures. Le café et l’huile d’olive commencent à être bien implantés dans certains pays. Par exemple, au Mexique, le café bio représente 30 % des volumes de ce produit.
La bio mondiale reste très disparate : l’Ouganda dénombre le plus de producteurs (206 000) pour une surface bio certifiée de 296 000 ha, consacrée essentiellement aux bananes, fruits exotiques, agrumes, légumes, épices, café… Il est suivi de l’Inde (142 000 producteurs et opérateurs) et de l’Éthiopie (126 000). Quant au Brésil, il a plus que doublé sa surface, mais en réduisant son nombre d’opérateurs, traduisant une extension des surfaces des fermes ! Certains pays concentrent en effet de larges exploitations en bio. C’est le cas de l’Ukraine avec 250 000 ha certifiés pour 92 opérateurs recensés, soit une moyenne de 2 716 ha par unité ! Sans parler de l’Australie et ses immensités, où les 12 millions d’hectares sont regroupés dans les mains de 1 438 opérateurs, soit 8 361 ha chacun en moyenne.
Ces statistiques portent aussi sur l’aquaculture bio mondiale qui progresse et s’étend déjà sur 0,4 million d’hectares. En outre, plus de 31 millions d’hectares, non certifiés, sont aussi recensés comme zones protégées. Quant au marché mondial, il est estimé par Organic Monitor, société spécialisée, à 46 milliards de dollars, 45 milliards répartis à peu près à parts égales entre l’Europe et l’Amérique du Nord et 1 milliard dans le reste du monde !