Simplifier ou diversifier l’assolement : un choix stratégique

Le 17/10/2017 à 7:30 par La rédaction
La réussite en bio passe par un assolement diversifié” martèle Gérard Michaut, dont l’assolement fait la part belle au trèfle blanc, implanté en tête de rotation pour 18 mois. (crédit JM Poupeau)

Quelles espèces choisir, quel nombre, quelle place dans la rotation ? Telles sont les questions qui reviennent le plus souvent lorsque les céréaliers composent l’assolement. Entre diversification et simplification, parfois extrêmes, les pratiques divergent. Témoignages dans plusieurs régions.
Dans la logique agronomique, un assolement diversifié est un gage de durabilité. En espaçant le délai de retour des cultures, il facilite la maîtrise du salissement ainsi que la gestion des maladies et ravageurs. Sans oublier les risques de marché, a priori réduits en cultivant plusieurs espèces. “Depuis mes débuts en bio en 2000, j’implante 8 à 9 cultures par an, dont des associations d’espèces comme l’orge-pois ou les lentilles-caméline”, indique Gérard Michaut, céréalier bio à Michery dans l’Yonne, et président de l’Agence Bio. Blé, triticale, avoine, épeautre, tournesol et parfois du blé noir alternent aussi, ainsi que le trèfle blanc, en tête de rotation pour 18 mois. Une expérience “malheureuse” a conforté le céréalier dans le choix de diversifier l’assolement. “Il y a quelques années, j’ai réduit le nombre d’espèces à cinq pour simplifier le travail. Or, sur les cinq cultures, deux ont donné de mauvais rendements et les résultats économiques s’en sont ressentis.
Réduire les achats extérieurs
Les espèces cultivées ayant des exigences différentes, diversifier l’assolement évite de toujours solliciter les mêmes éléments minéraux présents dans le sol. Il autorise parfois une réduction des achats extérieurs. “Diminuer le nombre d’espèces est souvent synonyme de rotation courte, sans légumineuse fourragère pluri-annuelle comme la luzerne ou le trèfle, constate Gérard Michaut. Dans ces conditions, il est difficile d’éviter l’achat d’engrais organiques du commerce. Or, c’est un choix qui me déplaît au niveau philosophique, sans parler du coût des engrais et de leur efficacité, aléatoire.” Diversifier l’assolement rompt non seulement une certaine routine mais offre des opportunités de marché. Ainsi, on voit des céréaliers se lancer dans des cultures nouvelles en bio comme le quinoa, la menthe poivrée voire le thym citron. Ou plus classiquement essayer, sur de petites surfaces du soja (en zone nord et centre notamment), du colza (lorsque l’été est propice aux levées) ou du chanvre.
Jean-Martial Poupeau