Si on constate, ces dernières années, un regain d’intérêt certain pour la luzerne en région d’élevage – en bio comme en conventionnel –, tel n’est pas le cas dans les zones céréalières où la légumineuse est surtout cultivée pour la déshydratation.
En Champagne-Ardenne, principale région productrice avec 80 % des surfaces françaises pour la déshydratation, les emblavements en luzerne ont décliné, passant de 78 000 ha en 2004 à 55 000 en 2009. La filière est en crise : plusieurs usines ont fermé et de nombreuses fusions ont eu lieu. En cause, le découplage des aides aux producteurs intervenu en 2006 qui a conduit à la diminution de la rentabilité de cette culture par rapport aux autres, mais aussi la montée du coût de l’énergie et la concurrence d’autres sources protéiques comme le soja. Par ailleurs, la filière est sous la menace de l’abandon par Bruxelles de l’aide couplée de 33 euros la tonne, versée aux transformateurs, qui permet de diminuer leurs coûts de revient et mieux rémunérer les producteurs (1).
Une forte demande en bio
Dans ce contexte difficile, le salut pourrait venir de la luzerne bio, pour laquelle la plupart des déshydrateurs enregistrent une demande croissante, tant en granulés qu’en brins longs. Avec des rendements équivalents à ceux du conventionnel et des prix plus élevés, cette légumineuse séduit un nombre croissant de céréaliers bio en place mais aussi de nouveaux convertis. Thierry Hamerel, directeur général de la coopérative Luzéal, le confirme : “Si, pour l’instant, la luzerne bio ne couvre que 400 ha contre 22 000 en conventionnel,...