TÉMOIGNAGE
En 1993, Sylvie et Denis Paturel passent en bio après six ans d’élevage en plein air conventionnel. “Cette conversion m’a sauvée, confie Sylvie Paturel qui élève alors moins de 5 000 poules. Nos résultats techniques et financiers se sont améliorés dès la première année.” Sylvie tient un carnet de bord journalier et apprend beaucoup par l’observation. “Nos poules pondaient très bien sans antibiotiques ni autres produits chimiques.” En 1998, Denis crée Agro Bio Europe, structure spécialisée dans la production et la commercialisation d’œufs, la collecte de céréales et la fourniture d’intrants bio. Le couple vit un “challenge motivant”. “De mes besoins constatés en élevage, Denis recherchait des solutions techniques”, explique Sylvie. D’où des rencontres avec des laboratoires cherchant eux aussi des solutions bio en homéopathie et phytothérapie. Des contacts réguliers avec le fabricant d’aliments améliorent l’appétence et les différents apports nécessaires. “On a vraiment progressé par l’accompagnement thérapeutique des poules et sur l’alimentation et après 20 ans d’essais, nous avons abouti à des méthodes relativement efficaces sur le pou rouge”, précise Denis. Aujourd’hui leur fils Jérémy prend les manettes de l’élevage familial (1). Pour autant, ses parents ne lèvent pas le pied. “Il y a encore de belles pages à écrire”, assurent-ils. Leur vécu de 25 ans et de partages d’expériences au sein de la filière, ils les transmettent désormais à travers leur nouvelle société de conseils (DSP Consulting). Son but : accompagner des éleveurs et des projets de développement “en adéquation avec les principes fondamentaux de la bio”. Denis Paturel est aussi membre des organisations interprofessionnelles et de la Commission réglementation bio de l’Inao. Il y défend des modes d’élevages à taille humaine, le respect du lien au sol et de l’environnement.
Frédéric Ripoche
(1) 12 000 pondeuses réparties en deux parquets de 3 000 poules sous un même toit, totalisant deux bâtiments sur deux sites distincts, 5 ha de parcours et 5 ha de cultures.