Isabelle et Jean-Claude Buisson / Bovins allaitants en Centre-Val de Loire

Le 17/04/2018 à 12:24 par La rédaction

TÉMOIGNAGE

Jean-Claude et Isabelle Buisson élèvent des boeufs charolais, vendus à 3-4 ans entre 350 et 400 kg de carcasse. Leurs 95 ha comprennent 25 ha de céréales, le reste en prairies multi-espèces adaptées aux différents sols, dont 25 ha de prairies naturelles. (crédit : Montigny P. - Bio Centre)

La famille Buisson conduit 35 mères Charolaises et leurs suites sur 95 ha à Germignyl’Exempt (Cher), ainsi que 120 brebis Berrichon du Cher. Installés en 1980, ils se lancent en bio neuf ans plus tard, comme quelques autres producteurs. Ils sont tous motivés par la protection de l’environnement et la recherche de plus d’autonomie avec une petite ferme. Leur coopérative d’alors leur offre un marché en céréales bio. “Nos premiers essais sur trois hectares nous ont apporté beaucoup de satisfaction”, confient-ils. Le petit groupe d’éleveurs s’appuie sur les connaissances pratiques des uns et des autres. Malgré les incertitudes, il garde le cap. Ensemble, ils créent le Gabb 18, et lancent des formations sur la phytothérapie, l’homéopathie ou l’étude des sols. Dans leur ferme, les Buisson drainent des terres humides pour acquérir l’autonomie nécessaire en herbe et céréales, et refont un bâtiment d’élevage adapté. "On a ainsi pu arrêter les vaccins contre les problèmes pulmonaires, se souvient Jean-Claude. L’arrivée du premier règlement bio européen en 1991 est “le début d’une reconnaissance et des aides”. La crise de la vache folle les conforte dans leur choix et active la création des filières viandes bio qui manquaient alors. Les éleveurs démarrent avec Unebio, puis Sicaba. Les terres sont certifiées en 1995, puis l’élevage trois ans et demi après. “Notre conversion s’est faite en dix ans”, relate Isabelle : le temps d’évoluer sur les rotations, de produire une alimentation diversifiée, d’apprendre à gérer la santé avec les plantes, de s’inscrire dans des filières. Aujourd’hui, les Buisson sont à la fois positifs et prudents devant “l’ampleur rapide de la bio” et toutes ces conversions. “On a l’avantage d’avoir des prix réguliers, mais ils ne sont parfois guère plus élevés qu’en conventionnel, précisent-ils. La demande du marché nous incite aussi à aller vers des carcasses plus légères.” Mais leur transmission en marche et en bio les rend heureux. “La ferme sera reprise par le petit dernier, assure Isabelle. C’est une satisfaction de savoir que le travail accompli va perdurer.”
Frédéric Ripoche