Bretagne / Poussée cohérente des monogastriques

Le 28/06/2018 à 7:42 par La rédaction

"Porc bio : tout le monde en veut, est-ce que tout le monde le peut ?” : le colloque du réseau Gab-Frab, le 20 février près de Saint-Brieuc, fait salle comble. Sous ce titre évocateur, l’enjeu de la conversion et de l’installation. Comme le décrit en ouverture le producteur Yann Yobé (Gab 22), cette “filière encore peu développée et fragile”, fait l’objet d’attentes. Encore faut-il lui “assurer une réussite collective”. Des producteurs en réflexion s’expriment : quels choix en matière de distribution d’aliments, de quais de déchargement, le colza est-il compliqué à produire ? Cahier des charges, évolutions réglementaires, autonomie alimentaire, recherche d’un équilibre cohérent “sol, plantes, animal”, tous ces thèmes y sont abordés. Chez le Morbihannais Philippe Moureaux (Bio Direct), le lien au sol est de 46%. L’éleveur porcin s’est fait cultivateur. Sur 87 hectares, il dédie 58 ha aux cultures avec une diversité de mélanges céréaliers, maïs, colza et 20 % de prairies avec luzerne en tête de rotation. Depuis deux ans, il fabrique 250-300 t d’aliments à la ferme pour un besoin de 650 t. “La faf est un levier car l’aliment représente 70 à 80% du coût de production.” L’éleveur conduit 100 truies en plein air, mais la tendance actuelle est au tout bâtiment avec courette. Or le prix de construction est un réel frein. Carole Bertin de la chambre d’agriculture de Bretagne l’estime entre “7000 à 10000 euros par truie et sa suite”. Des alternatives en conversion de bâtiments sont présentées. Selon les prévisions nationales, de 107€000 porcs abattus en 2016, on passerait à 170000-175000 porcs en 2019. Outre les acteurs historiques – Bio Direct, BVB et Unebio – de nouveaux s’y préparent comme Cooperl et Le Gouessant… (1)
Pondeuses et volailles de chair avec IBB
Fin 2017, la Bretagne compte près de 250 élevages bio en pondeuses et une soixantaine en volailles de chair”, détaille Goulven Oillic (IBB), devant un parterre de producteurs et d’opérateurs des filières, le 10 avril à Loudéac (22). Et la tendance est à la hausse. Volailles de Bretagne (groupe LDC), acteur Label Rouge, se lance en bio depuis un an. Le groupement vise “une niche”, avec la première production de volailles fermières bio et bretonnes sous IGP, soit “10000 volailles max/semaine”. Volailles Bio de l’Ouest (VBO) intervient sur des zones limitrophes en Bretagne. Acteurs multi-espèces (10% du marché national), ses poulets cou nu jaune sont produits avec une alimentation 100% bio pour Biocoop. La coopérative étudie de nouveaux projets d’éleveurs pour rehausser de 10% son volume de production. L’objectif est aussi d’informer sur la nécessité d’un développement pérenne en pondeuse. Les ateliers des organisations bretonnes qui témoignent ne dépassent pas 12000 poules, accordées au lien au sol. SA Pinault-ABE, avec 18 éleveurs, mise sur la force de son groupe pour conjuguer élevages et productions  céréalières, assurant des débouchés. Chez Ovogallia, centre de conditionnement 100€% bio de l’éleveur Philippe-André Richard, avoir 20% de lien au sol sur les fermes est un préalable. Certaines vont plus loin, jusqu’à 100%. “On l’atteint progressivement, avec des systèmes modernes et compétitifs rigoureux, en phase avec la bio”, précise-t-il. Douze éleveurs sont en contrat de reprise et une quinzaine d’ici la fin de l’année. “L’offre progresse vite, la demande est soutenue, mais on ne connaît pas l’état du marché, conclut Denis Paturel, secrétaire d’IBB et expert. Attention à ne pas déborder, ni déraper sur des modèles qui ne seraient pas montrables.
Frédéric Ripoche
(1) On reparlera du porc dans notre grand dossier du n°119 (sept/oct).