Joël et Bruno Boistault, à Saint-Laurent-du-Mottay (Maine-et-Loire), ont acquis un petit troupeau de brebis pour leurs vergers basse-tiges. Cette utilisation en extensif facilite la gestion du lierre poussant sur les arbres, sans contraintes importantes.
Avec 40 hectares de vergers à pâturer 4 ha de poiriers, 2 ha de kiwis, et le reste en pommiers , les brebis de Joël Boistault ne manquent pas d'espace. Installé avec son frère Joël sur 60 ha au total, le producteur introduit des animaux en 2014. « L'objectif était vraiment d'avoir des moutons au quotidien pour nettoyer au pied des arbres, surtout dans les vieux vergers, relate-t-il. Nous avons choisi des Shropshire car c'est la seule race qui n'attaque pas d'entrée de jeu les écorces. » Les animaux viennent de chez Jean-Yves Fillatre, arboriculteur dans la Manche. De huit femelles au départ, les Boistault sont aujourd'hui montés à une quinzaine. Les brebis sont mises dans les vergers d'octobre à fin mars. Le reste du temps, elles pâturent en dehors, sur des parcelles en herbe ou en bord de mare. Sous les arbres fruitiers, elles sont installées dans des paddocks de deux à quatre hectares. « On les laisse trois semaines environ, et on change quand elles commencent à attaquer le bois », explique Joël Boistault. Selon lui, les mettre dans des vergers de moins de quatre ans est risqué, car elles peuvent faire des dégâts. Outre la gestion du lierre, auparavant enlevé à la main, le producteur fait part d'un impact positif sur les campagnols, gênés par le piétinement des ongulés. « Les brebis amènent aussi un peu de fumure, ajoute Joël Boistault. On n'en tient pas compte dans les apports mais c'est un plus au niveau du sol. » Quant à l'impact sur l'enherbement, vu la faible densité d'animaux, il est limité.
Cochons peu concluants
Le producteur a aussi testé les cochons : actuellement, un mâle et deux femelles Kune kune sont installés dans une petite parcelle de cerisiers et kiwis. « Le problème, c'est qu'ils fouillent le sol, déplore Joël Boistault. C'était un essai, on va rester sur du mouton. » En pratique, les bre- bis disposent d'un bac et de cours d'eau pour boire, et d'une petite bétaillère comme abri, qui sert aussi à les déplacer. L'outil a été aménagé pour accueillir un râtelier à foin. Les paddocks sont délimités par deux rangés de fils électriques avec des piquets mobiles. Joël Boistault estime lui falloir deux heures pour faire une clôture, et le même temps pour la défaire. Côté coût, il faut compter 5 par animal chaque année pour la tonte, réalisée en prestation, et une prise de sang tous les cinq ans pour la brucellose, faite par le vétérinaire. Le pâturage étant extensif, pas besoin de vermifuge, ni de complémentation. L'herbe suffit. À l'achat, chaque brebis coûte entre 100 et 150 . « De temps en temps, on introduit un bélier pour avoir des agneaux, servant à renouveler les femelles et en consommation personnelle », indique l'arboriculteur. Joël Boistault ne se pose pas la question de la rentabilité car « ce n'est pas un atelier à part entière, c'est un plus pour notre domaine ». Les deux seules contraintes dont il fait part sont les fugues des animaux et l'administratif. « Les brebis ont peur des gens qui se promènent dans des vergers avec des chiens, et elles s'échappent. C'est le plus pénible. » Mi-janvier, il a fini par ériger une barrière de palox à l'entrée du chemin pour décourager les visiteurs, les brebis étant dans la parcelle à côté. Côté papiers, il a dû s'enregistrer comme éleveur, et doit déclarer les animaux. Outre la gestion du lierre, Joël Boistault est content de l'initiative. « C'est sympa de ramener un peu d'animal dans les vergers. Techniquement, les brebis sont un petit plus, comme les haies, les nichoirs... C'est avec plein de petits plus qu'on améliore la situation. » Pas question d'aller plus loin pour autant : « C'est trop d'investissements ensuite. Et nous avons un verger piéton. »