Licence Pro ABCD en réseau : une formation ancrée dans les territoires

Le 11/07/2022 à 7:53 par La rédaction

Organisée en réseau sur dix sites dans l'Hexagone et deux en Martinique et à la Réunion, la licence professionnelle agriculture bio, commercialisation et développement ­ ABCD ­ est unique en son genre. Depuis 2008, elle offre une formation en alternance, adaptée aux besoins des filières bio.

La promotion actuelle comprend 92 apprenants, des jeunes de profils variés, désireux d'approfondir leurs connaissances et compétences en système agricole bio. « Les candidats sortent en général de BTS agricole, ils ont des notions sur ce mode de production, et choisissent d'aller plus loin, pour un projet précis et aussi par curiosité, explique Alexia Arnaud-Dupont, coordinatrice nationale de la licence pro ABCD. Nous leur offrons une formation très complète de 800 heures, et exigeante pour leur faire atteindre un bac +3 reconnu et consistant. » Et ce, d'autant plus que cette formation est co-accréditée par deux établissements d'études supérieures, l'Université de Clermont Auvergne, responsable du diplôme et VetAgro Sup, campus agronomique de Clermont, en charge de la coordination nationale. Cette année scolaire 2021-2022, 73 % des apprenants sont en apprentissage, 16 % en formation continue, et 9 % en formation initiale classique (1).

En alternance, l'apprentissage domine

« L'alternance est le socle de notre démarche depuis le début. Et l'apprentissage s'intensifie, car les Régions sont moins engagées dans la formation continue pour les plus de 26 ans », précise la coordinatrice de la licence pro. Ces profils de reconversion doivent maintenant s'orienter davantage vers des formations BPREA ­ brevet professionnel de responsable d'exploitation ­ ou certificat de spécialisation à orientation bio. « Ainsi nos promotions sont plus jeunes, avec moins d'expériences, moins convaincues par la bio d'auparavant, hormis les enfants de paysans bio, qui eux sont des inconditionnels ! » Depuis ces dernières années, la licence pro ABCD subit aussi la concurrence des licences en transition agroécologique, agroforesterie, biodiversité, ou gestion des espaces naturels. Cette offre grandissante attire aussi beaucoup les jeunes soucieux d'agir pour la protection de l'environnement. « Il nous faut mettre en avant la spécificité de la filière bio que l'on défend, basée sur un cahier des charges et une certification, son attractivité, et la diversité de ses débouchés, en conseils techniques, animations de filières, commerce, contrôles et audits », souligne Alexia Arnaud-Dupont.

Donner un maximum de bases solides

La formation est ancrée dans les territoires, dans 15 établissements partenaires en réseau, CFPPA ­ centre de formation professionnel agricole ­, centres de formation pour apprentis, MFR ­ maison familiale rurale ­, lycées agricoles, répartis dans les grandes zones françaises (voir carte). « Chaque site recrute son public le plus possible à proximité, ainsi que les maîtres de stage, et 30 % des heures de formation sont données par des intervenants professionnels », rappelle la coordinatrice. L'objectif est d'apporter à ces jeunes un maximum de bases dans différents domaines, « sans forcément aller dans le détail car la bio est un système très vaste ». Au programme : concevoir et conduire un projet en agriculture bio, caractériser les différentes dimensions de l'organisation des filières sur des territoires, adapter des processus de production agricoles au cahier des charges bio, formuler un diagnostic et un conseil pour la conversion, etc.

Des compétences et une posture

En plus, trois grosses études de cas pré-professionnalisantes sont travaillées en groupe : « Une seule année sur la bio, cela passe très ­ trop ­ vite ! C'est parfois frustrant pour eux ! », reconnaît Alexia Arnaud-Dupont. En alternance, les entreprises accueillent des apprenants ­ 30 semaines pour les apprentis, 16 semaines pour les stagiaires, support d'un rapport de fin d'étude. Si ces futurs recruteurs recherchent « des compétences sur les techniques bio, ils sont aussi très sensibles à la posture de jeunes engagés ­ qu'ils soient curieux, proactifs, capables de gérer des projets ­, ainsi qu'à leur démarche scientifique et leurs qualités rédactionnelles ». Près de 80 % des diplômés trouvent un emploi dès la fin de leur cursus.

Christine Rivry-Fournier

(1) Il existe une autre licence pro avec mention agriculture bio ­ production, conseil, certification, commercialisation en alternance ­, dispensée par l'IUT de l'Université d'Angers.

 


Florine Belin, 21 ans : « découvrir des techniques plus résilientes face aux défis climatiques »

Après un Bac Sciences et technologies de l'agronomie et du vivant, puis un BTS Analyse conduite et stratégie d'une entreprise agricole, Florence Belin choisit la licence pro ABCD : « Je voulais aussi découvrir des techniques plus résilientes face aux défis climatiques que nous avons aujourd'hui », exprime-t-elle. L'objectif est d'avoir « une plus grande ouverture d'esprit, et élargir mes connaissances du milieu agricole ». Pour cette étudiante, la bio est une spécialité attractive et « beaucoup plus diversifiée que ce que l'on croit ».

Son projet professionnel est d'intégrer un master en biologie végétale, pour devenir ingé- nieure en expérimentation. « Mon but serait d'adapter nos cultures, et nos façons de produire pour surmonter les effets néfastes du dérèglement climatique. La bio est l'un des leviers de cet enjeu majeur. » Florine Belin réalise sa période en entreprise au sein de l'association Nature & Progrès. « Mon sujet de stage est d'élaborer des outils ludiques et pédagogiques sur les bienfaits de l'agriculture bio sur les dérèglements climatiques, à destination d'un jeune public. » Elle a ainsi créé deux jeux de 7 familles, de niveaux primaire et collège testés en grandeur réelle.

Hugo Schwindenhammer, 23 ans : « l’aspect poussé et assumé sur l’agriculture bio est un plus »

Après un parcours très orienté dans le monde du vin, lycée viticole, BTSA technico-commercial vins et spiritueux, ainsi que trois ans comme conseiller en vin, Hugo Schwindenhammer souhaite s'investir davantage sur les sujets agricoles et alimentaires. Dans cette reconversion, la licence Pro ABCD lui est apparue comme présentant deux avantages majeurs : son programme, axé sur les projets agricoles dans leur ensemble ­ filière, conversion, scientifique, etc. ­ et l'immersion professionnelle de l'alternance. « L'aspect poussé et assumé sur l'agriculture bio a aussi été un plus dans mon choix, explique-t-il. Plus que jamais, l'agriculture bio prend sens dans cette période de crise environnementale, économique et sociale. »

L'aspect hybride ­ approche terrain et vision globale ­ de la licence est, selon Hugo Schwindenhammer, « un vrai avantage dans la compréhension des systèmes agricoles et alimentaires ». De plus, le premier trimestre de cours en visio, dispensés par des enseignants-chercheurs de l'école d'ingénieurs agronomes de Clermont-Ferrand, « offre un apprentissage assez poussé de connaissances agricoles générales ­ biologie végétale, agronomie, zootechnie, etc. ». Le jeune homme effectue son alternance dans un Gab ­ Groupement d'agriculture bio. Son mémoire porte sur la démarche d'approvisionnement durable en restauration commerciale. « Il s'agit de comprendre les motivations, les attentes ainsi que les freins aux engagements vers des approvisionnements vertueux, détaille-t-il. Ce, afin de mettre en place des solutions adaptées à leurs développements. » Pour lui, cette formation d'un an très dense et diversifiée nécessite une grande implication des étudiants.