Le changement d’échelle de la bio implique de renforcer l’accès à la formation et l’enseignement des techniques de l’agriculture et de la transformation bio. L’enjeu est stratégique. Les besoins sont immenses. Et les candidats – d’origines sociales et professionnelles très variées – sont de plus en plus nombreux ! Pour eux, c’est la bio, sinon rien. Mais côté enseignement, encore faut-il sortir des schémas classiques pour explorer les approches systémiques inhérentes au mode de production bio. Petit à petit, une révolution s’opère au sein des formations destinées aux jeunes, mais aussi à tous les âges de la vie. En innovant, la bio est en train de creuser son sillon dans toutes les écoles. “Apprendre à produire autrement” devient le leitmotiv.
Bertrand Minaud et Jean-Marie Morin, co-animateurs du réseau Formabio de la DGER (Direction générale de l’enseignement et de la recherche) font le point sur l’enseignement de la bio en France.
Comment la formation et l’enseignement s’adaptent-ils au changement d’échelle de la bio ?
Bertrand Minaud : Peut-on dire que le système de formation s’adapte au changement d’échelle de la bio ? Cela me paraît difficile d’affirmer cela ainsi. C’est vrai que les fermes des lycées y contribuent avec des activités certifiées bio de plus en plus nombreuses. Côté formations, la bio s’intègre de mieux en mieux dans toutes les filières, à tous niveaux, et pour toutes les modalités : initiale scolaire ou apprentissage et formation adulte. C’est le fruit de près de deux décennies de politiques publiques visant, depuis 1997 – plan Riquois en 1997, plan AB horizon 2012 et Ambition bio 2017 –, à mieux prendre en compte la bio dans les formations. La volonté est que ce mode de production soit abordé de manière systématique dans tous les cursus.
Comment cela se traduit-il sur le terrain ?
B. M. : Les référentiels de formation sont modifiés dans ce sens. Derrière le terme de “changement d’échelle”, vient la question de la rupture et de la transition. Ces notions ont été, nous semble-t-il, pleinement intégrées dans le “projet agro-écologique pour la France” du ministre Stéphane Le Foll dans lequel s’inscrit “Ambition bio 2017”. Le volet enseignement agricole de cette politique “Enseigner à produire autrement” vise à accompagner ces ruptures et transitions par un autre regard porté sur les manières de produire. Celui-ci intègre pleinement les enjeux économiques, environnementaux et sociaux. Pour caricaturer, on passe de la “recette” (à un problème correspond une solution curative) à une approche plus complexe. On s’intéresse au système mis en place et à l’ensemble des interactions entre les éléments de ce système et l’environnement. Le métier d’enseignant ou formateur évolue. Il doit se focaliser sur l’acquisition de compétences différentes, et de connaissances, pour une part d’entre elles, beaucoup moins livresques.
Donc la bio est aujourd’hui enseignée partout dans les établissements agricoles…
B. M. : Bien sûr ! Enfin, l’enseignement agricole évolue au travers de l’agro-écologie en général et des politiques de développement de l’agriculture biologique en particulier. La note de service sur l’agriculture biologique dans l’enseignement agricole est parue en 2008, mise à jour en 2011 et en 2017. De la théorie à la pratique, il y a tout de même des écarts sur la manière d’approcher cet enseignement, selon les territoires, les établissements, les enseignants ou les secteurs de formation. Mais la progression est indéniable et inexorable !
Propos recueillis par Christine Rivry-Fournier
Formation : À l’école de la bio
Delanoy Aude - CFA Montfort