Spécialisé dans le végétal, l'établissement d'enseignement et de formation professionnelle agricoles corrézien vient de faire valider trois formations à orientation agriculture bio, en capa, bac pro et BTS. Une continuité et une évidence pour l'équipe pédagogique.
«Faire reconnaître l'orientation bio de nos formations horticoles est le prolongement logique de vingt années d'investissement dans un mode de production que nous avons choisi, que nous enseignons au quotidien et pour lequel nous expérimentons », résume l'équipe pédagogique de l'EPLEFPA de Brive-Voutezac. Dans ce Campus du végétal du Pays de Brive constitué d'un lycée agricole de 280 élèves et étudiants, d'un CDFAA centre formation des apprentis regroupant 240 jeunes, et d'une exploitation agricole et horticole de 23,5 hectares conduite en bio, « cette démarche reflète un vrai engagement global et durable », précise Jacques Ferrand, directeur du campus. Et elle contribue à rendre le campus plus attractif.
Un projet porté par les enseignants
« Convaincus des intérêts de la bio, ce sont les enseignants en sciences et techniques horticoles qui ont d'abord incité et porté ce mode de production dans la pédagogie comme au niveau de l'exploitation », rappelle le directeur, en poste à la tête de l'établissement depuis deux ans. Les premières initiatives remontent à 2002 avec la mise en oeuvre d'un module bio et l'implantation d'un verger bio. En 2010, un premier atelier de maraîchage bio, support des cours d'agronomie et de techniques horticoles est mis en place par et pour les BTS horticoles. Depuis, la bio est devenue le fil vert du campus, les techniques enseignées vont de plus en plus dans ce sens. Et la volonté est d'aller plus loin. « Aujourd'hui nous travaillons la liaison agriculture bio et l'agriculture de conservation des sols. Après avoir développé un espace de permaculture, nous nous intéressons aussi à l'aquaponie régénérative. »
Obtenir la reconnaissance
Au début des années 2010, à la demande de la Région et d'un projet d'établissement, l'exploitation agricole est restructurée en profondeur. L'objectif est de mieux coller à l'évolution du territoire : ici, la pomiculture est bien ancrée, avec l'AOC Limousin, et un besoin en maraîchers se fait sentir pour répondre à la montée du locavorisme. D'où l'arrêt de la production laitière pour miser sur le végétal et la conversion à la bio. « Nos formations doivent aussi correspondre aux besoins en repreneurs de fermes, en salariés, et à une rediversification des productions locales », rappelle Jacques Ferrand. Plus de doute, l'avenir de l'agriculture doit passer par des modèles vertueux. « L'agroécologie, l'agriculture bio et leurs fondements sont désormais bien maîtrisés par nos équipes pédagogiques et plébiscités par nos apprenants. » Mais il fallait enfoncer le clou et passer le cap de la reconnaissance en demandant l'agrément de la Draaf pour afficher cette orientation bio. Après avis favorable de Formabio, celle-ci a été obtenue en juin 2021 pour le capa certificat d'aptitude professionnel agricole , le bac pro et le BTS.
Création d'un verger maraîcher
Depuis 20 ans, l'équipe pédagogique s'est beaucoup autoformée, participant à de nombreux événements professionnels tournés vers la bio et l'agroécologie, en lien aussi avec les techniciens bio de la chambre d'agriculture départementale ou du Gab. « Sur le plan de l'expérimentation et des relations avec la recherche, la création du verger maraîcher bio a constitué un projet fort, émulant et reconnu », souligne le directeur. Aujourd'hui, l'objectif est de continuer à développer et approfondir toutes ces compétences inhérentes à la bio, et de les transmettre aux apprenants. Pour obtenir cet agrément, « il a fallu mettre en évidence tout ce qu'on fait, identifier nos pratiques, les formaliser, détailler nos moyens et nos ambitions, le tout de façon cohérente. Cela conforte notre démarche ». En 2022, les trois cursus agréés bio comptent 10 apprentis en capa horticulture, 20 élèves en bac pro, et 30 étudiants en BTSA production horticole. « La difficulté reste néanmoins de motiver des maîtres d'apprentissage pour les jeunes en capa, et pourtant, il y a un fort besoin en salariés spécialisés, notamment en arboriculture. »
De la bio en cours et au menu
« Ces jeunes découvrent la bio, ils sont motivés et curieux, même s'ils ne savent pas toujours vers quel métier précis ils veulent s'orienter, sauf pour les BTS. » Dans ce contexte, et stimulées par l'équipe pédagogique tournée vers la tran- sition écologique, toutes les formations du campus sont imprégnées par le mode de production bio jardinerie, aménagement paysager, fleuristerie, techniques commerciales , même si celles-ci ne sont pas spécialisées en bio. De plus, toujours dans la même logique de cohérence, l'établissement vient d'obtenir, en novembre 2021, la labellisation Établissement Bio Engagé qui démarque l'introduction d'au moins 22 % de denrées bio, en valeur d'achat, dans les menus du restaurant scolaire, part aujourd'hui atteinte par le Campus. En outre, 60 % des produits bio sont locaux. « Une partie vient de notre ferme, notamment les légumes, et l'autre est achetée à l'extérieur, comme la viande et le fromage », détaille Jacques Ferrand. Et l'objectif est de progresser encore sur la voie du bio, mais de façon cohérente.
Christine Rivry-Fournier