Gloeosporioses, cylindrocarpon, phytophthora… Les maladies de conservation peuvent faire des dégâts conséquents sur pommes. Pour évaluer l’efficacité des solutions en bio, le Cefel mène des essais en pré-récolte et post-récolte.
Lors des Rencontres techniques fruits en agriculture biologique, Ghislaine Monteils, responsable qualité et conservation au Cefel – Centre d’expérimentation en fruits et légumes du bassin Sud-Ouest –, fait le point sur les derniers résultats des essais menés à Montauban (Tarn-et-Garonne). En pré-récolte, l’efficacité de l’Amylo-X (Bacillus amyloliquefaciens) sur gloeosporioses a été testée plusieurs années, avec quatre ou cinq applications. Si en 2017, il ressort clairement que les pommes traitées sont moins atteintes que le témoin, que ce soit en sortie frigo ou après sept jours à 19-20 °C, en 2020, le produit de biocontrôle n’a eu aucune efficacité. « Ses performances dépendent surtout de la pluie et de l’humidité de l’année » , indique Pascale Westercamp, ingénieure de recherche CTIFL basée au Cefel.
Funguran sur phytophthora
Le centre d’expérimentation s’est aussi penché en 2020 et 2021 sur le phytophthora, pour comparer l’efficacité de traitements à base de cuivre réalisés une semaine avant la récolte. La maladie était ensuite inoculée le lendemain de la récolte, et les pommes conservées en froid normal jusqu’à début janvier. « Le cuivre semble avoir une action limitante sur cette maladie, explique Ghislaine Monteils. On a voulu regarder l’impact de la forme de cuivre et des coformulants, donc on a testé plusieurs produits. » Une bouillie bordelaise (sulfate de cuivre), le Funguran OH (hydroxyde de cuivre), le Nordox (oxyde de cuivre), le Yucca (oxychlorure de cuivre) et le Kocide 2000 (hydroxyde de cuivre) ont été appliqués une semaine avant récolte à la même dose, soit 400 g de cuivre métal/ha. Bilan : « C’est le Funguran qui a le plus d’efficacité sur phytophthora », fait part Ghislaine Monteils. Un résultat qui confirme un essai de 2018.
Blossom Protect sur pourriture
Autre sujet : les pourritures de Gala, conséquence d’éclatements et fentes pédonculaires avant récolte. Quatre produits ont été comparés : Blossom Protect (Aureobasidium pullulans), Amylo-X, Rhapsody (Bacillus subtilis) et Curatio (polysulfure de calcium). Ils ont été appliqués deux fois en végétation, avant des pluies importantes annoncées. En 2020, après conservation trois mois et demi en froid normal, ou six mois en ULO (ultra low oxygen), « c’est le Blossom Protect qui ressort le mieux », fait part Ghislaine Monteils, que ce soit sur monilia, cylindrocarpon, gloeosporioses ou colletotrichum. Attention, il s’agit d’un unique essai : les expérimentations 2021 sont en cours d’analyse pour infirmer ou confirmer les résultats, mais la tendance semble la même.
Thermothérapie efficace
En post-récolte, le Cefel a travaillé en 2020 sur la lutte contre les gloeosporioses par traitement à l’eau chaude, dans les 24 à 48 h après récolte. Le témoin – trempé deux minutes dans l’eau froide – présentait 18,6 % de fruits atteints, contre 1,2 % de fruits pour un trempage entre 49 et 50 °C pendant 2,5 minutes, 0,3 % pour 2 minutes à 51-52 °C, et aucun fruit atteint pour 51-52 °C pendant 2,5 min. « Quand on augmente la température ou la durée, on est plus efficace, mais il y a un risque de brûlure », rappelle Pascale Westercamp. La thermothérapie est aussi efficace sur phytophthora, à condition de la réaliser rapidement après récolte. En 2020, les essais ont montré qu’un trempage 24 à 48 h après inoculation (2,5 min à 50 °C) donne de meilleurs résultats qu’un trempage dans les mêmes conditions sept jours après inoculation. Quant à cette opération après récolte avec des produits bio contre le phytophthora, elle donne des résultats pas très concluants. En 2021, la part de fruits atteints oscillait entre 57,5 % avec le Brottrunk Kanne (à base de céréales fermentées), et 74,3 % pour le Blossom Protect, contre 76,9 % pour l’eau froide (le témoin), avec des différences d’efficacité non significatives entre les trois. Alors qu’un douchage à 48 °C pendant 2 min n’a laissé que 2,5 % de pommes atteintes pour le haut de la pile et 5 % pour le bas. « À ce stade, on n’a pas trouvé le produit miracle, résume Pascale Westercamp. L’eau chaude reste plus efficace. »
Marion Coisne