TÉMOIGNAGE
En s’installant en 1977, Jacques Frings convertit le verger de son père au label Nature et progrès. Il ne se cantonnera qu’un temps à l’arbo : “j’ai diversifié avec des légumes d’hiver, surtout des courges pour alimenter le point de vente à la ferme dont la période d’ouverture correspondait à celle des pommes”, raconte l’agriculteur. Très vite le magasin prend de l’ampleur jusqu’à devenir une Biocoop. Alors en 2006, Jacques Frings monte un atelier de maraîchage diversifié. “Nos consommateurs et une Amap étaient demandeurs et on disposait d’une main d’oeuvre motivée, issue du lycée agricole local.” Aujourd’hui, quatre hectares – sur les 15 en production – sont octroyés à la culture d’une centaine de variétés de légumes frais, dégageant un chiffre d’affaires de 400 000 euros. “En circuit court, le maraîchage est un attrait commercial extrêmement puissant”, affirme l’agriculteur. La demande n’en finit pas d’exploser, la clientèle est fidèle. Si bien que le maraîcher, rejoint depuis peu par son fils, s’autorise des expérimentations grande échelle de nouvelles variétés. “Avec un tel circuit commercial, on vend facilement tout ce que l’on teste.”
Un temps d’avance
“Cela fait dix ans qu’on revendique zéro phyto sur la ferme, se félicite Jacques Frings. C’est pour moi l’aboutissement de mes 40 ans de bio.” Pour obtenir un équilibre parfait entre le sol, les plantes et la biodiversité, le travail a été de longue haleine. “Une avancée marquante a été de collaborer avec Yves Hérody, qui m’a aidé à comprendre mon sol, son fonctionnement et à en améliorer sa fertilité.” Au point d’avoir restreint sur la partie maraîchère la consommation d’intrants à la seule gestion des apports en composts de déchets verts et d’engrais verts. “La conduite de plantes annuelles est techniquement plus facile que celle de plantes pérennes.” Ainsi conduit-il son verger de manière extensive… en attendant peut-être de voir les générations futures inventer le verger zéro phyto.
Cécile Marcus