Fruits à noyau : les mouches à l'assaut

Le 22/03/2024 à 12:38 par La rédaction

La montée en puissance des punaises, en particulier diaboliques, ne doit pas occulter le développement d'autres ravageurs, notamment des mouches, que ce soient Ceratitis capitata ou Drosophila suzukii.

Si les dégâts de punaises dans le Sud-Est ont été moindres en 2023, la mouche méditerranéenne des fruits, Ceratitis capitata, a profité des fortes chaleurs. « La pression a été plus soutenue et précoce. Les températures élevées ont accéléré les cycles au printemps, explique Pascal Borioli, directeur du GRCeta de Basse Durance. Sur pêche, des attaques ont eu lieu dès mi-juillet. » Certes, les mouches pré- occupent surtout en pêche et abricot. Mais Pascal Borioli fait aussi état d'attaques sur des variétés de pommes notamment à épiderme jaune, démarrées cette année dès la fin de l'été, contre habituellement à mi-septembre. Les producteurs bio ont recours au piégeage massif, soit avec des pièges contenant de la deltaméthrine, soit fait maison. Pour les premiers, « le coût est important : 380 /ha environ », chiffre le conseiller. Celui-ci recommande d'autre part, en le faisant soi-même, d'utiliser une bouteille peinte en jaune, avec des trous de 14 mm de diamètre, et à l'intérieur de l'eau et du phosphate diammonique.

Julie Atamna.

Les filets indispensables en cerise

Parmi les ravageurs en expansion en bio, Pascal Borioli cite l'agrile ou bupreste du poirier. « C'est lui qui fait le plus de dégâts. La seule solution est les filets. » Le tigre du poirier, qui altère le retour à la fleur, pose aussi de plus en plus soucis, en raison de l'absence de pluies estivales. Sur pêches et abricots, le conseiller constate en outre en bio un développement du puceron farineux, pouvant provoquer une absence de floraison l'année suivante. « Les cicadelles sont également un problème émergent en jeunes vergers, mais pas seulement en bio », ajoute-t-il. Quant à Drosophila suzukii, « sans filet, pas de cerises en bio ». Pascal Borioli recommande d'être vigilant sur la montée en puissance des pucerons noirs sous filet.

 

Marion Coisne

 


Cerise : des filets déplacés selon les variétés

À Durfort-Lacapelette, dans le nord du Tarn-et-Garonne, Julie Atamna est installée en bio sur 20 hectares, dont 3 ha de vergers diversifiés. Elle produit des prunes, cerises, pêches, pommes, raisins, poires et figues, pour la vente directe. Sur cerise, la productrice a investi dans des filets, déplacés selon la date de récolte des variétés. « Je mets des filets individuels quand le stade sensible est atteint, quand les fruits tournent au jaune », explique Julie Atamna. L’installation est réalisée à deux, avec deux grandes perches de piscine, et nécessite 5 à 10 minutes par arbre. « Ceux posés sur Burlat, première variété récoltée, je les passe ensuite sur les dernières, comme Regina. » À partir d’un rouleau de 12 m de large, elle a découpé des morceaux de 8, 10 et 12 m de long pour avoir des tailles différentes. « Depuis la mise en place de cette stratégie, je n’ai plus du tout d’attaques de drosophiles. C’était ça, ou j’arrêtais la cerise, analyse la productrice. Le cerisier se taille peu, il est bien adapté aux filets. » Pour la récolte, soit le filet est enlevé, soit la cueilleuse passe par-dessous. Julie Atamna chiffre un coût à 70 € par arbre, « rentabilisé dès la première année ».