La mirabelle, un fruit qui passionne

Le 14/11/2014 à 13:29 par La rédaction

La mirabelle de Lorraine – qui bénéficie d’une IGP pour le fruit et d’une AOC pour l’eau-de-vie – est sans conteste un fruit à part. Dominique Gosio, président du Gab de la Meuse, en cultive 4 hectares à Buxière-sous-les-côtes, dans la Meuse.

dos2_mirabelle1Installé à plein-temps depuis 2010, auparavant en double activité, le producteur est en bio depuis 2 ans, et pratique la biodynamie (il sera certifié Demeter au bout de trois ans de pratique). Particularité : il travaille avec des arbres francs de mirabelle de Nancy, qu’il multiplie lui-même à partir des rejets qui repoussent naturellement. Pour ce passionné de la mirabelle, le fruit est plus goûteux sur ces arbres non greffés. “Mais il y a de l’hétérogénéité dans mon verger, reconnaît-il, notamment au niveau de la maturité qui est échelonnée.”

Tout son travail s’articule autour des arômes de la mirabelle, qu’il essaie, par ses pratiques, “de développer au maximum”, notamment grâce à la biodynamie qui est pour lui “un message, un courant qu’on fait passer”. Il récolte sur bâche tissée posée au sol, après avoir fait vibrer les arbres avec un secoueur : “On ramasse autour d’une tonne à la journée, ce n’est rien comparé à d’autres qui ramassent à la machine ! Je défends cette pratique parce que, pour moi, les fruits sont moins brusqués. Mais personne n’en tient compte, et c’est dommage.”  

Une belle à protéger

La mirabelle est un fruit sensible aux aléas climatiques, “les gelées, la tavelure, les fruits fendus ou éclatés quand il pleut… Et puis c’est un fruit qui s’oxyde très vite, après on a un goût de fermentation. Il faut les garder à l’abri de l’air pour conserver les arômes.” En 2014, l’arboriculteur a noté une forte présence de puceron. “Les arbres chargés en fleurs étaient appétents. J’ai fait mon soin à l’argile en septembre, avant que les feuilles ne tombent, pour protéger les arbres avant l’hiver, en prévision de la saison prochaine.”

Dans les terres argileuses de la Meuse, la mirabelle est dans son univers : “C’est son terroir ! Il ne faut pas oublier non plus l’importance de la dormance pour nos arbres. On a des froids jusqu’à -15 °C voire plus. Ensuite au printemps, on est protégé par les Côtes.” Le vrai parfum de la mirabelle, pour lui, c’est celui des tartes et des confitures, celui de son enfance : “La mirabelle est un fruit merveilleux. Je baigne dedans toujours ! J’ai amené des arbres dans le Sud-Ouest, dans les Alpes. Cultivées là-bas, elles n’ont pas le même parfum. C’est comme les vins : c’est le terroir qui fait la mirabelle.”

Un petit monde de passionnés

Dominique Gosio transforme ses fruits et vend en direct. Tout en se disant lui-même marginal dans la filière, et à l’heure de transmettre son exploitation, il souligne : “Du plus gros producteur au plus petit, en passant par la coopérative qui investit dans des équipements de transformation, on est complémentaire ! Ce que je veux, c’est que nos campagnes soient vivantes et la filière mirabelle avance.” Puis il insiste : on ne peut pas parler de la mirabelle en ne parlant que d’une ferme comme la sienne… Il faudra donc que Biofil revienne faire un tour dans la Meuse…

Myriam Goulette