Attirer, accueillir et accompagner les entreprises et les compétences bio sur un pôle dédié de 60 ha : c’est le projet de Val Bio Ouest, situé à St-Jean d’Angély en Charente-Maritime et inauguré le 6 juin 2014.
Inédit en France, ce projet localisé d’aménagement du territoire autour de la bio est né de la détermination d’une poignée de convaincus. À la racine, Édouard Rousseau, agriculteur bio en grandes cultures, président de l’association Croissance Bio en Poitou-Charentes et ex-président de la Corab (Coopérative régionale d’agriculture biologique) et de Coop de France bio : « Regrouper en un même lieu l’ensemble des compétences nécessaires à la croissance de la production et de l’alimentation biologique est un levier formidable pour accompagner une double dynamique, celle des professionnels de ce secteur et celle du territoire », affirme-t-il lors du lancement du site. Celui-ci a eu lieu deux ans et demi après l’inauguration du Silo Bio Ouest, qui surplombe cette vallée bio en devenir. « L’emplacement est stratégique, près d’un axe autoroutier, très bien desservi par les transports, précise le président. De plus, l’activité du silo bio qui réunit plusieurs partenaires transformateurs bio est un vrai moteur pour dynamiser ce secteur. »
Un éco-territoire de référence
Porté par l’association Croissance Bio qui réunit 7 membres (1), Val Bio Ouest vise à construire et organiser un éco-territoire de référence, autour des métiers du grain et du végétal. Il s’agit de structurer une économie alternative qui valorise sur le territoire les productions agricoles locales, et non pas de les expédier ailleurs pour leur transformation. « Cet espace doit stimuler l’innovation et la création de valeur ajoutée, améliorer l’efficacité de chaque métier, notamment en mutualisant certaines infrastructures et services », explique le président. L’objectif est d’implantation d’entreprises nouvelles. « Les atouts sont nombreux, partenariats, visibilité, formation, cadre de vie agréable… »
Quels sont les porteurs de projets concernés ? La production agricole, la collecte, le stockage, le conseil, la nutrition, la diététique, la qualité alimentaire, la transformation, la diffusion, la distribution, la recherche appliquée, la formation… Le champ est vaste, et les conditions d’accueil intéressantes, comme le souligne Martine Cavaillé, chargée de mission à Croissance Bio en Poitou-Charentes : en tant que zone ZRR (zone de revitalisation rurale), les entreprises peuvent bénéficier d’exonérations de charges patronales, de cotisations foncières, de taxe sur le foncier bâti pendant les premières années, un accompagnement, des outils de portage financier, un traitement accéléré des dossiers administratifs…
La Silicon Valley de l’agriculture bio
Initiative fédératrice, Val Bio Ouest est soutenu par la Région à hauteur de 60 000 € pour l’animation la première année (2), et Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, a tenu à être présente lors de son lancement. Édith Harzic, sous-préfète de Saint Jean d’Angély, a également participé activement à sa mise en place : « c’est un projet d’acteurs visionnaires, qui rassemble des partenaires locaux privés et publics, avec le souhait de créer de l’économie qui a du sens et des emplois non délocalisables. » Pour Françoise Mesnard, maire de Saint Jean d’Angély, et vice-présidente de la région Poitou-Charentes en charge de la Formation et de l’Éducation, « le développement économique doit s’appuyer sur les atouts du territoire, il y a mieux à faire que d’exporter toutes nos céréales par le port de la Pallice-La Rochelle ! ». Jean-Louis Frot, vice-président du conseil général de Charente Maritime, applaudit cette « Silicon Valley de l’agriculture bio ». Charles Kloboukoff, président fondateur du groupe Léa Nature, situé à La Rochelle, salue la forte mobilisation « exemplaire » des collectivités locales et territoriales : « Je crois au développement des circuits courts, et j’envisage, au titre de notre groupe, d’y implanter une biscuiterie. »
De multiples projets
Hormis cette biscuiterie-boulangerie, d’autres projets sont dans les starting-blocks… Ils concernent l’extraction protéique de la luzerne avec application innovante en alimentation animale et humaine, la valorisation des plantes médicinales et aromatiques en huiles essentielles, la fabrication de produits sans gluten, le tri et le conditionnement de l’épeautre, du pois cassé et du tournesol pour l’alimentation humaine, la préparation de légumes bio pour la restauration collective par les Restos du cœur… L’essor de la bio va les stimuler pour que tous puissent voir le jour : « Val Bio Ouest est un accélérateur de développement, se réjouit Édouard Rousseau. Il s’appuie sur l’intelligence collective et la synergie des filières. » Une impulsion collective qui séduit Jean-Marie Pelt, président de l’Institut Européen de l’Écologie, invité en duplex à l’inauguration : « Elle prouve que les choses bougent en profondeur, c’est une vision nouvelle de la nature, de la collaboration et de la coopération que vous êtes en train de promouvoir, transversale et solidaire. »
Symbole de cet élan, la caravane d’une quinzaine de vélos – « Un Nouveau Monde en marche » –, porte-parole de la société civile, a pédalé de Paris à St-Jean d’Angély, soit 513 km : leur présence au lancement de Val Bio Ouest renforce le lien entre tous les maillons de la filière bio.
Christine Rivry-Fournier
(1) Léa Nature, Corab, Minoterie Bellot, Alisa, Critt Agro Alimentaire, Chambre d’agriculture 17, Pole Aliment et Santé, Enilia-Ensmic, Coop de France Poitou-Charentes.
(2) La Région a également subventionné Silo Bio Ouest pour 320 000 €.