Les agriculteurs, premières victimes des pesticides
“La vérité, c’est que les agriculteurs sont en train de mourir, on est une population en voie d’extinction et moi, je me sens vraiment une victime, j’y ai perdu ma vie.”
C’est sur ce tragique constat exprimé par Caroline Chenet, agriculture de 45 ans, dont le mari Yannick, aujourd’hui disparu, a été frappé par la leucémie à 37 ans en pleine force de l’âge, que s’ouvre ce documentaire déchirant La mort est dans le pré. Maladie de Parkinson, lymphomes, cancers de la prostate, du pancréas, de la vessie, tumeurs…, “ une épidémie grave est en train de frapper en silence les agriculteurs pris en otage par le modèle dominant dans le piège chimique”, dénonce Éric Guéret, le réalisateur qui a fait témoigner des malades, victimes de leur aveuglement vis-à-vis de ce qu’ils croyaient être la modernité. “Nous avions une confiance totale dans la recherche de ces grandes firmes, nous ne pensions pas un instant que c’était du poison”, raconte le père d’un jeune vigneron, touché par le cancer. Encore aujourd’hui, l’omerta qui pèse sur le monde agricole empêche l’essor des méthodes bio. La récente victoire contre Monsanto de Paul François, céréalier en Charente, intoxiqué par l’herbicide Lasso, laisse un peu d’espoir aux victimes qui n’obtiennent quasiment jamais la reconnaissance parla MSA (Mutualité sociale agricole) de leur pathologie comme maladie professionnelle. Espérons que ce documentaire contribue à les aider dans ce sens, et incite de plus en plus d’agriculteurs à sortir de ce cercle vicieux.