Poitou-Charentes : la bio à la reconquête de l’eau potable

Le 13/12/2011 à 16:23 par La Rédaction


Afin de protéger 7 captages qui alimentent 100 000 habitants de la région de Niort dans les Deux-Sèvres, un dispositif a été engagé dès 2007 dans le cadre d’une initiative de reconquête de la qualité de l’eau potable.

Depuis 2009, un programme spécifique “Eau et bio” et un projet MAET (mesures agroenvironnementales territorialisées) sont développés sur cette zone très agricole, de 45 000 hectares. “Adossé au marais poitevin, ce périmètre de production intensive de maïs enregistre sur ses bassins des taux de pollution des eaux en nitrates et herbicides élevés, atteignant jusqu’à 100 mg de nitrate par litre dans sa partie sud. 5 captages sont classés prioritaires par le Grenelle”, souligne Olivier Caille, animateur du SMEPDE de la vallée de la Courance, l’un des deux syndicats d’eau potable concernés. Cette initiative multipartenariale a été initiée par la Région dans le cadre de la démarche Re-source. “Reconquérir et protéger une ressource en eau de qualité, issue des nappes phréatiques, des rivières et de la mer, nécessitent des actions communes, coordonnées et à long terme”, résume Benoît Biteau, vice-président dela Région en charge de l’agriculture, de la pêche et des cultures marines.

L’appui des MAET

Après les phases d’états des lieux, de diagnostics, de recherches de références, un plan d’action de développement de la bio a été lancé, mené par Bio Sèvres et la chambre d’agriculture. Co-animé par le CNRS, il s’appuie sur le levier incitatif des MAET, contrats sur 5 ans avec les agriculteurs, financés par l’Union européenne, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et la région Poitou-Charentes. Deux zonages ont été définis, le périmètre Natura 2000 et celui des aires d’alimentation des captages. En plus de la mesure “conversion” (337 €/ha), d’autres mesures sont possibles pour les agriculteurs qui ne sont pas encore prêts à franchir le pas : limitation des intrants azotés (137€/ha), limitation des herbicides (221€/ha), remise à l’herbe… “Les engagements ont bien fonctionné au début car le prix bas du blé en conventionnel incitait à réduire les intrants, voire à passer en bio. Aujourd’hui, c’est moins évident”, reconnaît Olivier Caille. N’empêche, le dispositif a débouché sur la conversion de 16 exploitations sur 1200 ha (15 % des surfaces contractualisées entre 2009 et 2011) et la préservation de l’outarde canepetière, espèce en train de disparaître. Un début. “Il existe une inertie chez les agriculteurs qui hésitent avant de s’engager. Il faut les rassurer, ne pas les stigmatiser, et ne pas être donneur de leçons”, conclut Franck Michel adjoint au maire de Niort.

C.R-F