Nouveau règlement bio : les points sensibles

Le 24/02/2014 à 12:26 par La rédaction


Dans l’attente de la nouvelle réglementation bio européenne, le Scof (Standing Comity of organic farming), organe consultatif de la Commission européenne, auquel participent les représentants des ministères de l’agriculture de tous les États membre, planche sur des dossiers sensibles. Sa prochaine séance, fin février, les met à l’ordre du jour pour une éventuelle adoption. Au programme, le mode de production bio sous serre devrait déboucher rapidement sur l’adoption d’un règlement spécifique. Sujet de discorde entre les pays du nord et du sud, il suscite des débats autour de différents points cruciaux (lire aussi Biofil 91) : la culture en bacs assimilée à du hors-sol que Ifoam France refuse mais que des pays du nord comme le Danemark réclament ; l’autorisation de chauffage, acceptée par les organisations bio françaises et les pays du sud uniquement en hors gel et en cultures de plants, et demandée par ceux du nord ; la ferti-irrigation, notamment l’usage du goutte à goutte pour la fertilisation foliaire réclamée par ceux du sud ; autres points d’achoppement, l’éclairage, les niveaux de fertilisation, les paillages…. “ Autant de positions qui diffèrent selon les réalités pédo-climatiques des pays et, dans un contexte où les dérogations pourraient être supprimées, comment ne pas les prendre en compte, concède Juliette Leroux. Mais il faut admettre que, sur certains sujets, l’intérêt économique joue plus dans les positions que l’intérêt écologique.”
La menace des phosphonates
Autre point “brûlant” abordé au prochain Scof : l’acception ou non des phosphonates dans la liste des intrants autorisés en bio, pour lutter contre le mildiou. Demandé par l’Allemagne et l’Autriche qui ont imposé la limitation des doses de cuivre autorisées à 3 kg/ha/an non lissés mettant les viticulteurs bio dans une impasse technique, cette demande suscite de fortes craintes. En effet, les phosphonates sont des molécules de synthèse, dont les résidus sont des métabolites identiques à ceux du phosphétyl aluminium, produit chimique utilisé en conventionnel, et qui ne seront pas distinguables par les analyses. “Cette décision serait catastrophique pour la crédibilité de la bio, s’inquiète Juliette Leroux. De plus, ce serait la porte ouverte à une réduction des doses de cuivre par la France.” (lire aussi p. 54). Face à cette menace, la Fnab, France Vin Bio et Ifoam France sont montés au créneau pour obtenir d’Ifoam Europe, qui appuie les positions allemande et autrichienne, de circoncire sa demande aux seuls pays ayant déjà baissé les doses de cuivre. “Nous avons obtenu ce compromis qui est loin d’être satisfaisant”, admet Juliette Leroux. On peut s’interroger sur le paradoxe évident entre un projet de nouvelle réglementation européenne plus stricte et ces coups de griffe dans la démarche bio.

Christine Rivry-Fournier

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