3e édition des Trophées de l’excellence bio : AdaBio et Aria 85 primés par l’Agence Bio et le Crédit Agricole
L’édition 2014 des Trophées de l’excellence bio, remis le 27 février au Salon de l’agriculture, a décerné ses deux prix à Adabio Autoconstruction, dans la catégorie producteurs, et à Aria 85, dans celle des transformateurs et distributeurs. Deux mentions spéciales du jury ont été également attribuées : à la commune de Correns dans le Var, dans la catégorie producteurs et à l’entreprise Biscru dans celle des transformateurs-distributeurs.
“L’objectif est de récompenser des actions innovantes, exemplaires, reproductibles, et des valeurs écologiques et collectives”, rappelle Étienne Gangneron, président de l’Agence Bio lors de la remise des Trophées de l’excellence bio, le 27 février au Salon de l’agriculture, à l’issue du Séminaire international de l’Agence Bio. “Ce sont les trophées de la passion, la pugnacité, la générosité qui alimentent l’innovation dans le secteur de l’agriculture biologique, enchaîne, enthousiaste, Élisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio. Tous les nominés font partie du club de l’excellence.”
Pour Guillaume Malaurie, président du jury et grand reporter, choisir n’a pas été aisé parmi la dizaine de candidats dans les deux catégories, celle des producteurs et celles de transformateurs-distributeurs. Au final, huit d’entre eux ont été nominés et deux ont été primés dans chaque catégorie.
Adabio Autoconstrution, lauréat dans la catégorie producteurs
Une fois n’est pas coutume, le machinisme a été mis sous les feux des projecteurs. En bio, on sait combien cet aspect est primordial, notamment pour lutter contre l’enherbement. Le concept original de Adabio Autoconstruction, c’est le partage des connaissances et la construction mutualisée, avec accès libre à des plans. Lancée en 2009 par les maraîchers et techniciens du groupement d’agriculture biologique du réseau Fnab du nord-est de Rhône-Alpes, cette initiative est née du manque en outils adaptés des maraîchers bio qui démarrent, souvent avec peu de moyens (lire aussi Biofil 80 de mars-avril 2012). “Au-delà du machinisme, il s’agit de favoriser l’autonomie et la réappropriation des savoirs, assure Julien Reynier, chargé du développement, qui s’est vu remettre le prix de l’excellence bio. Un guide de l’autoconstruction a été diffusé. Aujourd’hui, l’association Adabio essaime ses formations dans l’Ouest de la France. Elle est en train de créer une “Coopérative des savoirs paysans”, sous forme d’une SCIC. Un atelier permanent “Farmlab” se met en place. “Nous voulons être avec vous des passeurs de techniques et de bons conseils, autant banque de connaissances dans laquelle piocher, qu’atelier créatif dans lequel souder”, résume Julien Reynier.
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Correns, une synergie de territoire
Preuve que pugnacité et bio sont indissociables, cela fait 18 ans que la commune de Correns dans le Var, – 900 habitants –, promeut ce mode de production. La bio a non seulement sauvé sa viticulture locale, mais participe au renouveau de sa nature, du paysage, du bâti (rénovation HQE de la mairie, économies d’énergie), de l’alimentation et du lien social…
Auto-baptisé 1er village bio de France, Correns – mention spéciale du jury de l’excellence bio – a été bel et bien précurseur, même si d’autres communes françaises lui ont emboîté le pas : son maire Mickaël Latz, élu depuis 1995 (il se représente en mars 2014 sans liste d’opposition), a été l’artisan de cette conversion, progressive, mais globale et cohérente de ce territoire.
Cette conversion a démarré par le sauvetage – grâce à la bio – de la coopérative vinicole à l’époque à deux doigts de fermer. Aujourd’hui, 95 % de la surface agricole de Correns (800 ha) est bio, dont le vignoble de 200 ha en Côtes de Provence AOC et vins du pays d’Argens, cultivé par les adhérents de la coopérative ou par des caves particulières. Les 30 adhérents de la coopérative ont pris le virage du 100 % bio dès 1997. Cette démarche bio a entraîné des conversions bio d’autres productions, céréales, légumes, miel, chèvres, huile d’olive, et l’installation en volailles et oeufs notamment. La cantine scolaire aussi propose des menus bio, pour environ la moitié des repas servis.
Les ingrédients locaux sont privilégiés, mais le village n’est pas pour autant nombriliste. “Correns vend chaque année quatre barriques aux enchères, destinées à aider une association congolaise qui gère une école de formation en méthodes agricoles bio, pour agir au niveau local en s’inscrivant dans une démarche globale”, précise le maire Michaël Latz, en recevant la mention spéciale pour sa commune.
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Aria 85, lauréat dans la catégorie transformateurs-distributeurs
Située en Vendée, Aria 85 – Association pour la Réadaptation et l’Intégration par l’Accompagnement – a lancé une initiative pour développer le bio en établissements médico-sociaux et sanitaires. Elle a eu l’idée de créer un kit soupe bio et local, constitué de légumes de saison épluchés et mis sous vide, prêt à cuire. Pour cette fabrication, Aria 85 emploie des personnes en situation de handicap et s’approvisionne en légumes auprès d’agriculteurs vendéens. Partenaire de cette démarche, Sodexo, spécialisé en restauration hors-domicile, déploie son savoir-faire pour accélérer l’introduction des produits bio dans le secteur de la santé. “Il y a un gros besoin, surtout en potages et purées dans les centres hospitaliers et les maisons de retraite, mais une capacité de production suffisante est nécessaire pour alimenter le flux des commandes”, explique Jean-Michel Noël, responsable d’achat bio, local et circuits courts de Sodexo.
Biscru, pour une alimentation vivante
Mention spéciale du jury dans la catégorie transformateurs-distributeurs, la société Biscru créée en 2008, et installée en Indre-et-Loire, est spécialisée dans la fabrication de produits de consommation en alimentation vivante. “Les ingrédients sont déshydratés à 42 °C maximum, pour conserver tous les nutriments, explique Serge De Thaey, ancien chef de cuisine à Terre Vivante, formateur dans le cadre de programmes de restauration bio à l’école, et fondateur de Biscru : son process novateur fabrique une gamme de crackers déshydratés sans gluten ni lactose à base d’oléagineux, et aromatisés aux légumes ou aux fruits bio et locaux. Une gamme de légumes bio, sans cuisson, a été également lancée. “L’objectif est de conserver les valeurs nutritionnelles des légumes, dans le cadre d’une alimentation équilibrée”, explique Serge De Thaey. Née de multiples rencontres et d’échanges, notamment au Québec, son idée prend racine dans un désir profond de partager ses connaissances en proposant des produits goûteux réellement nutritifs, “car il existe aussi des dérives en bio, et il ne suffit pas de manger bio pour bien se nourrir”. “Nous sommes avant tout une entreprise militante, affirme-t-il. Et je continue à me battre pour offrir des aliments les moins dénaturés possible.”
Les autres nominés, mines d’innovations
Dans la catégorie producteurs, 2 autres nominés ont été mis en avant pour leurs innovations exemplaires :
-La filière lin bio de Normandie et son initiateur Jacques Follet (lire Biofil 92)
-Le renouveau du grenadier français, avec la création par Jean-Claude Peretto d’une production de grenadiers bio sur 10 hectares et de la fabrication de jus de grenade, à Domazan dans le Gard.
Dans la catégorie transformateurs-distributeurs, 2 autres initiatives ont également été présentées :
-La création par Pronatura d’une gamme de producteurs 100 % en bio : des produits transformés, dont des jus, des tartinades, des soupes, qui mettent en avant les producteurs dont les visages apparaissent sur l’étiquette, et qui sont clairement identifiés sur le site internet. http://www.lagammedesproducteurs.com
-Le lancement de Quart de lait : cette jeune société lance un concept de fabrication de canettes de lait et de yaourts à boire bio, nature et aromatisés, destinés notamment à la restauration collective, crèches, écoles, maisons de retraite et de santé. La production est effectuée dans des micro-laiteries aux périphéries des villes. Le premier atelier pilote est installé à Argenteuil en Ile-de-France, et utilise du lait collecté chez trois producteurs locaux. “Afin de conserver les meilleures qualités nutritionnelles, le lait est pasteurisé à 82 °C, les canettes de 185 ml sont en PET recyclables, explique Jean-Christophe Bories, le fondateur de Quart de lait. L’objectif est de travailler en circuits les plus courts possible, entre les producteurs et les consommateurs, pour recréer le lien entre la ville, la terre et les troupeaux.”
Christine Rivry-Fournier
À propos des récompenses
Lancés en 2009 et ouverts à tous les professionnels de la filière bio, qu’ils soient producteurs, transformateurs ou distributeurs, les Trophées de l’excellence bio sont organisés conjointement par le Crédit Agricole et l’Agence Bio. Le jury des Trophées est composé de personnalités de l’ensemble des familles professionnelles de la filière bio et des ministères de l’agriculture et de l’écologie, de représentants du Crédit Agricole et présidé par Guillaume Malaurie, grand reporter au Nouvel Observateur. Les lauréats ont chacun reçu une dotation de 5 000 euros, destinée à les accompagner dans la mise en oeuvre de leurs projets.
À propos du Crédit Agricole et la bio
Crédit Agricole S.A. est partenaire de l’Agence Bio depuis 5 ans. Ce partenariat participe à l’ambition du Groupe de soutenir tous les acteurs de la filière agricole. Le Crédit Agricole accompagne le développement de la filière biologique en France afin de contribuer au doublement de la surface utile agricole biologique d’ici 2020. Des offres de financement spécifiques destinées aux agriculteurs biologiques sont proposées par plusieurs Caisses régionales de Crédit Agricole sur l’ensemble du territoire.