L’Inde est le pays recensant le plus de paysans bio en 2019 (1,36 million de producteurs), pour 2,3 millions d’hectares en bio. (©CRF)
Dans le monde, plus de 72,3 millions d’hectares de surface agricole sont cultivés en bio fin 2019, soit une hausse de 1,6 % correspondant à 1,1 million d’hectares supplémentaires par rapport à 2018. Ces statistiques mondiales actualisées sur la bio ont été dévoilées lors du salon Biofach de Nuremberg (Allemagne), tenu sous forme digitalisée les 17-19 février. Elles sont le fruit d’un travail de collecte et d’analyse du Fibl – Institut de recherche de l’agriculture biologique – et d’Ifoam – Fédération internationale des mouvements de l’agriculture biologique –, « qui montre un engagement continu pour la transparence dans le secteur du bio », expriment ces deux organisations. Ce travail de fourmi, mené depuis 22 ans, est réalisé avec le soutien du Secrétariat d’État à l’économie suisse (Seco), du Centre du commerce international (ITC), du Fonds coop pour le développement durable et de NürnbergMesse, l’organisateur du salon Biofach. « Outil précieux pour mieux orienter les politiques de la bio, cette base de données s’affine chaque année, malgré les difficultés à recueillir des informations dans certains pays », souligne Helga Willer, responsable de l’édition de l’annuaire statistique au Fibl.
De la bio sur tous les continents
« La tendance positive de ces dernières années se poursuit, constate l’étude portant désormais sur 187 pays. Les terres cultivées en bio sur la planète augmentent, tout comme la demande en produits bio. » L’Australie reste le pays avec la plus grande surface agricole bio (35,7 millions d’hectares), suivi de l’Argentine (3,7 millions d’ha) et l’Espagne (2,4 millions d’ha). La moitié des sols agricoles menés en bio se trouvent donc en Océanie (36 millions d’ha). L’Europe arrive ensuite (16,5 millions d’ha), devançant l’Amérique latine (8,3 millions d’ha).
La surface bio a augmenté sur tous les continents, à l’exception de l’Asie (surtout en raison d’une baisse des engagements bio en Chine) et de l’Océanie. En Afrique, la bio progresse aussi, passant à 2 millions d’hectares (+ 9,5%). La Tunisie, l’Éthiopie, la Sierra Leone, le Kenya et la Tanzanie sont les pays enregistrant le plus de terres en bio. Le café est la principale culture bio (330 000 ha), suivi des olives et du cacao. En Amérique du Nord, avec 3,6 millions d’hectares bio en 2019, les surfaces évoluent peu. Les USA enregistrent néanmoins, en 2019, une croissance de près de 300 000 ha pour atteindre 2,3 millions d’ha. Rappelons que le Pays de l’Oncle Sam détient le plus gros marché des aliments bio, estimé à 44,7 milliards d’euros.
Plus de 10 % de bio dans 16 pays
Au total, à l’échelle mondiale, 1,5 % de la surface agricole est cultivée en bio. « Cette progression peut paraître lente, mais elle est solide, surtout en Europe, Amérique du Nord, et peut fluctuer, notamment en Asie, commente Helga Willer. Cette croissance présente aussi de fortes disparités. » Dans de nombreux pays, la part de la bio est beaucoup plus élevée et se renforce. Dans 16 pays, la bio dépasse 10 % des surfaces agricoles : Le Liechtenstein (41 % en bio) arrive en tête, suivi de l’Autriche (26,1 %), São Tomé-et-Príncipe (24,9 %), l’Estonie (22 %), la Suède (20 %), la Suisse (16,5 %), la République tchèque (14 %), l’Uruguay (15 %), l’Italie (14 %), etc.
Le nombre de paysans bio augmente de 12,5 %
Ces terres bio sont cultivées par 3,1 millions de paysans bio recensés en 2019, contre 2,8 millions en 2018 (+ 12,5 %), dont presque la moitié en Asie, et surtout en Inde (1,36 million de producteurs bio), suivi de l’Ouganda, l’Éthiopie, la Tanzanie, et la Thaïlande. « Ce sont des chiffres à traiter avec précaution, car très difficiles à obtenir dans certains pays », notent le Fibl et Ifoam.
Le marché bio mondial poursuit son envol
En 2019, le marché mondial des aliments bio s’élève à 106 milliards d’euros (contre 100 milliards en 2018). Les États-Unis (44,7 milliards d’euros) restent en tête de la consommation bio, suivis par l’Allemagne (12 milliards d’euros) et la France (11,3 milliards d’euros). « Certains marchés importants ont enregistré des taux de croissance à deux chiffres, comme le marché bio français, par exemple, soit une hausse de 13,5 % », note le rapport du Fibl et Ifoam. Côté part des aliments bio dans les dépenses des ménages, ce sont les Danois et Suisses qui en achètent le plus (respectivement 344 et 338 euros par habitant et par an). Le Danemark détient la part de marché bio la plus élevée (12,1 % de son marché alimentaire total). Dans de nombreux pays, la crise liée à la Covid-19 a entraîné une forte hausse de la demande de produits bio. « Nous nous attendons à ce que les données pour 2020, qui seront disponibles dans un an, révèlent les répercussions de la pandémie sur le secteur du bio », affirme Helga Willer, responsable de l’édition de l’annuaire statistique au Fibl.
C.R-F
Le rapport est téléchargeable sur fibl.org