La consommation bio s’accroît, la production aussi, et les perspectives sont au vert : les derniers chiffres de l’Agence Bio, présentés le 18 février 2015 à Paris, confirment la croissance de la filière bio française.
La croissance du secteur bio continue, portée par la consommation : d’après le nouveau baromètre Agence Bio / CSA de janvier 2015 (1), les Français sont plus nombreux à opter pour des produits bio et ce, de plus en plus souvent. « La tendance est positive, se réjouit Etienne Gangneron, président de l’Agence Bio. L’offre bio locale augmente, ce qui donne encore plus de sens à la démarche». En 2014, près de 9 Français sur 10 en ont consommé au moins occasionnellement (88 % vs 75 % en 2013) et 6 sur 10 régulièrement, c’est-à-dire au moins un produit bio au moins une fois par mois (62 % vs 49 % en 2013).
Un marché de 5 milliards d’euros
D’après une première estimation, le marché des produits bio atteint 5 milliards d'euros fin 2014 (en incluant la restauration hors domicile), en hausse de 10 % par rapport à l’an dernier. S’il ne se limite encore qu’à 2,6 % du marché alimentaire global, la part de marché de certains produits dépasse, elle, la barre des 10 % : c’est le cas des œufs (20 %) et du lait (10 %). Et les perspectives sont encourageantes : 92 % des consommateurs bio ont l’intention de maintenir, voire d’augmenter leurs achats bio dans les mois à venir. « La bio et ses spécificités, son cahier des charges, ses labels AB et européens sont de mieux en mieux connus, et les Français en veulent plus en restauration collective », indique Elisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio.
Selon le baromètre, 87 % d’entre eux réclament de la bio à l’école (vs 68 % en 2013), et 78 % dans les restaurants (vs 54 % en 2013), 76 % dans les hôpitaux (vs 62 % en 2013). Ils la plébiscitent pour ses bienfaits sur la santé et l’environnement (87 %), son goût (84 %), et parce qu’elle est porteuse d’avenir (77 %). Soutenir le développement durable devient une tendance de fond, avec une hausse de l’intérêt pour les produits non alimentaires, cosmétiques ou textiles bio.
Large choix de lieux de vente
La diversité des circuits de distribution fait la force du secteur : « on pouvait douter de leur pérennité, mais cette diversité s’affirme », commente Elisabeth Mercier. Les consommateurs les fréquentent tous. 80 % d’entre eux achètent en GMS (près de la moitié des ventes), 25 % en magasins spécialisés (plus d’un tiers du marché), 20 % à la ferme, 29 % sur les marchés et 18 % chez les artisans commerçants (bouchers, boulangers...). Le « drive » prend sa place aussi : 5 % des consommateurs bio disent utiliser ce mode de vente. Et visiblement, les Français souhaiteraient bénéficier d’une offre encore plus large chez les artisans, au marché, à la ferme, sur internet, en drive….« Consommer bio fait évoluer les habitudes d’achat et de consommation alimentaire », précise Elisabeth Mercier. 39 % des consommateurs déclarent avoir changé leurs habitudes d’achat, leur comportement alimentaire ou culinaire. Ils privilégient davantage les produits de saison, les produits frais, réduisent le gaspillage et les emballages en achetant en vrac. Les fruits et légumes sont en tête du panier bio, suivis des produits laitiers, de l’épicerie de base, des œufs, des boissons, de la viande, du pain…
Dynamisme de la production française
Après avoir doublé entre 2007 et 2012, les surfaces bio n’ont augmenté que de 4 % entre 2013 et 2014. Fin 2014, 1,1 million d’hectares sont cultivés en bio, soit 4 % des surfaces agricoles. 100 000 ha sont en conversion. 2 000 nouveaux producteurs se sont engagés mais, compte tenu des départs en retraite, des arrêts et des regroupements de statuts juridiques, on ne compte que 1011 exploitations en plus, pour atteindre 26 478 fermes bio, soit 5,5 % du nombre total de structures agricoles en France. Les 2/3 ont des surfaces toujours en herbe ou en cultures fourragères.
La France devient le 3e pays producteur bio européen, devant l’Allemagne, derrière l’Italie, 2e, et l’Espagne, 1er pays producteur bio. « Dans quelques années, stimulés par le plan Ambition Bio 2017 et une demande favorable, nous pouvons devenir leader européen, espère Etienne Gangneron, président de l’Agence Bio, également président de la chambre d’agriculture du Cher. La Pac nous donne de nouveaux moyens, et les aides à la conversion en grandes cultures peuvent être incitatives, renforcées par les prix plus stables que ceux du conventionnel, marché beaucoup plus volatile et complexe à gérer. » Dans ce contexte, « le doublement des surfaces bio pour atteindre 8 % de la SAU est faisable, car beaucoup d’agriculteurs s’interrogent sur l’avenir de leur système », poursuit le président de l’Agence Bio. A noter que le vin, par exemple, atteint déjà 8 % de sa surface en bio. Seule ombre au tableau, l’incertitude qui plane sur les attributions des aides au maintien dans le cadre des PDRR (Plans de développement ruraux régionaux), en cours de validation à Bruxelles. « Si l’aide au maintien recule dans certaines régions, on risque des déconversions », s’inquiète le président.
C. R-F
(1) 12e édition du Baromètre Agence Bio/CSA de janvier 2015. Étude quantitative réalisée online, du 22 au 28 janvier 2015, auprès de 500 Français majeurs, représentatifs de la population française.
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