Alors que le marché bio s’envole en Europe et aux USA, les surfaces progressent peu : + 0,5 % par rapport à 2011 dans 164 pays, sur 37,5 millions d'hectares (1), cultivés par 1,9 million d'agriculteurs (+ 100 000 en un an). 80 % d’entre eux vivent dans les pays en développement.
Si la bio ne couvre encore que 0,86 % des terres agricoles dans le monde, elle continue à s’étendre (2). Mais très faiblement. Seuls l’Europe (+ 6,04 %) et l’Afrique (+ 6,75 %) voient leurs surfaces bio grimper. L’Asie en perd près de 13 % (474 254 ha) : alors que la Chine monte en puissance (1,9 million d’ha), l’Inde recule nettement à 500 000 ha à la suite d’une forte vague de déconversion. Le continent américain et l’Océanie restent stables. Les pays où la poussée de la bio est la plus forte sont la Grèce, le Mexique, le Kazakhstan et la Turquie. L’Australie reste leader en surface bio avec 12 millions d’hectares déclarés, dont 97 % en pâturage. Il est suivi par l’Argentine et les États-Unis qui, paradoxalement, sont deux géants des OGM. Les prairies permanentes constituent 63 % (en léger recul) de la SAU bio totale, les terres arables 17 % (+ 4,4 %) et les cultures pérennes 7 % (+ 10 %).
L’Afrique et l’Asie, bastion des producteurs
La majorité des paysans bio vit en Asie (685 000) et en Afrique (573 000), suivis de l’Europe (322 000). Au total, le nombre a cru de 7,6 %. Leurs
fermes sont, pour la plupart, de petites tailles, même s’il existe aussi de grandes exploitations. Ils sont le plus nombreux en Inde, Ouganda, Mexique et Tanzanie : la bio leur offre un débouché (via l’export) sans achats d’intrants, tout en leur assurant des cultures vivrières grâce aux rotations. Thé, café, cacao, oléagineux, agrumes, bananes, avocats, figues, mangues, olives, céréales dont le riz, sont les denrées les plus cultivées. En cacao par exemple, le podium revient à la République Dominicaine, le Mexique et le Pérou. En graines oléagineuses – dont 40 % de soja sur 274 000 ha –, Chine, Kazakhstan, USA, Canada, Roumanie et Ukraine caracolent en tête. L’aquaculture (33 800 ha (3), notamment la production de crevettes au Vietnam et au Bangladesh, fait aussi une percée. Au total, 45 000 transformateurs bio et au moins 1 800 importateurs sont répertoriés, la grande majorité en Europe.
Les USA et l’Europe, fief des consommateurs
Dans l’Union européenne à 28, près de 10 millions d’ha sont cultivés en bio (+ 5,4 % par rapport à l’an dernier). Si la Grèce fait un bond en avant (+117 %), la France et l’Italie confirment leur progression (+ 6 %). L’Espagne se stabilise tandis que l’Autriche perd du terrain (- 1,7 %), et la Grande-Bretagne poursuit son repli (- 7,6 %). 250 000 producteurs sont recensés. Au total, l’Europe dépasse les 11,1 millions d’ha avec une forte croissance de la Turquie incluse dans ce périmètre (524 000 ha, + 18 %).
Dans ce contexte, alors que la production bio est mondiale, la consommation reste focalisée sur deux parties du globe : l’Union européenne et les USA. En 2012, le marché est estimé à 50 milliards d’euros. Dans l’Union européenne, malgré la crise, il atteint 20,8 milliards d’€ (+ 6 %). En Allemagne, il dépasse 7 milliards d’€ (+ 6%) et en France 4 milliards d’€ (+ 2 %). Le Danemark (+ 7,6 %), l’Autriche (+ 6,5 %) et la Suisse (+ 6,3 %) enregistrent les croissances les plus fortes. Ces pays détiennent le record des paniers bio les plus fournis : ils atteignent 189 € par an en Suisse et 159 € au Danemark.
Christine Rivry-Fournier
(1) Selon des dernières statistiques d’Ifoam et du Fibl datant de fin 2012, présentées au salon Biofach en février 2014.
(2) Ces statistiques sont basées sur les données croisées des gouvernements, du secteur privé et des organismes certificateurs.
(3) Ces surfaces ne sont pas comptabilisées en bio même si la production est certifiée.
Source Fibl-Ifoam 2014
http://www.organic-world.net/