Alors que les moissons des céréales à paille et protéagineux se déroulent partout dans l’Hexagone, profitant de répit entre les orages, les collecteurs restent encore très prudents sur la qualité et les rendements obtenus. Les conditions climatiques difficiles, avec de fortes pluviométries en continu impactant les semis et levées d’automne et de printemps, nuisent aux récoltes d’été. Les moissons sont en retard, compliquées vu la météo, avec des résultats très hétérogènes, liés notamment aux types de sols. Les difficultés à gérer le salissement et les maladies cryptogamiques sont préjudiciables, avec des interrogations sur le PS – poids spécifiques – des grains. « Les risques de baisses rendements, de détérioration de la qualité, et des conditions de stockage, ainsi que de dégagement vers l’andainage sont prégnants » , résume Emmanuel Leveugle, président du groupe interprofessionnel d’Intercéréales et de Terres Univia, et agriculteur en Hauts-de-France.
Une récolte très hétérogène et en repli
Dans ce contexte, la collecte bio de l’été 2024 est estimée en diminution variable selon les régions, autour de 20 % – en céréales à paille et protéagineux, colza et protéagineux. Une tendance accentuée par le recul des surfaces menées en bio en grandes cultures en 2023, évalué à 24 300 ha en 2023 (-3 %) par l’Agence Bio. Espèce phare, le blé tendre bio voit sa collecte record de 2023-2024, estimée supérieure à 425 000 tonnes, légèrement réajustée à la baisse par le groupe interprofessionnel de France Agrimer au 1er juin 2024. La récolte 2024 s’annonce quant à elle inférieure, sans pour l’instant, pouvoir la quantifier plus précisément. « Les rendements et les qualités, notamment la protéine, varient énormément d’une parcelle ou d’une région à l’autre, certains sont corrects, d’autres catastrophiques » , souligne un opérateur.
Cultures de printemps mitigées
Pour les espèces semées ce printemps, compte tenu des embûches d’implantation et les mises en cultures fourragères de remplacement, les surfaces de tournesol, maïs et soja seraient également en repli, estimées notamment par les experts de 15 % en tournesol, 12 % en soja. En revanche, celles en sarrasin seraient en hausse, en culture de substitution suite aux retournements.
Des stocks allégés
Globalement, les stocks en céréales se sont allégés, liés aux déclassements, et aussi aux exportations malgré leur recul de 15 % vs la campagne précédente. Ils restent néanmoins élevés en blé tendre, à 172 000 t selon le dernier bilan France Agrimer de ce début juin. Côté marché toujours selon le bilan France Agrimer, la meunerie limite la baisse de ses utilisations à -2 %, mais celles des Fab (fabricants d’aliments) les diminuent de -11 % en maïs, -4 % en blé tendre, -12 % en protéagineux, -26 % en soja, en raison d'une consommation en produits animaux bio qui fléchit. Quant aux prix départ OS, après un net repli lors de cette campagne, ils reprennent de la vigueur. « Une nécessité pour soutenir la production bio de façon durable , affirment les opérateurs bio. D’où l’intérêt de filières bio structurées et contractualisées. »
C. R-F