Nouvel acteur de la bio, Forebio est né de la volonté de faire entendre la voix des organisations économiques fidèles aux principes de la bio historique : des structures 100 % bio, soucieuses de traçabilité et d’une démarche de commerce équitable, ancrées dans les territoires. “Le boom du marché et des conversions provoquent la poussée de bio à plusieurs vitesses, souligne Philippe Jaunet, éleveur laitier en Anjou, et président de cette nouvelle fédération. La structuration se fait par filières, mais il fallait passer à une logique transversale qui regroupe nos problématiques communes.” C’est la mission que s’est donnée Forebio en s’appuyant sur la complémentarité des productions : “l’animal et le végétal sont liés, ne serait-ce que pour la matière organique, par le lien au sol, mais aussi sur les débouchés. Ceux en grandes cultures dépendent aussi de l’élevage”. Regroupant environ un quart des fermes bio françaises, cette nouvelle entité se sent légitime pour favoriser l’organisation collective, représenter ses adhérents dans toutes les instances nationales, défendre la crédibilité et l’image de la bio...
Promouvoir ses valeurs
“Nous produisons une bio différente de la bio industrielle, et nous voulons promouvoir ses spécificités devant les pouvoirs publics et aussi les consommateurs”,confirme Christelle Garnier, vice-président de Forebio, représentant la Cocebi, coopérative de Bourgogne dont elle est aussi viceprésidente. “Pionnière de la bio, cette coopérative dédiée, créée en 1983, soutientune éthique, basée sur des relations commerciales équitables, des structures à dimension humaine, le refus d’embaucher des travailleurs détachés, d’importer des produits pouvant être cultivés en France, de respecter les règles spécifiques de production comme les rotations...Et elle garde le cap. Autant de points communs entre tous les adhérents de Forebio.” Cette productrice en grandes cultures sur 220 hectares et éleveuse de volailles dans l’Yonne, installée en 2004 à la suite de ses parents, a lancé sa conversion en 2007. Avec la montée en puissance de la bio, elle prend conscience de l’urgence pour ce mode de production, de se démarquer face aux dérives.
Légitimité
Membre de la section agricole de Biocoop pour Cocebi, Christelle Garnier admet que “la charte de Biocoop nous inspire pour porter nos valeurs à l’extérieur”, même si adhérer à Forebio n’implique pas d’être membre du conseil agricole de Biocoop et vice-versa. Toutes les candidatures souhaitant rejoindre la nouvelle organisation seront examinées sur leurs valeurs et leurs engagements. La première action menée ensemble est de soutenir le dossier du cuivre, transversal à plusieurs filières, surtout la viticulture et l’arboriculture. Loire vins bio, organisation des vignerons du Val de Loire, est partie prenante. Un courrier en faveur du maintien de l’autorisation de cette matière active encore indispensable est envoyé au ministère de l’Agriculture et à l’Anses. “Représentatifs d’une grande partie des agriculteurs bio, nous souhaitons aussi participer au Comité de pilotage du plan Ambition Bio 2018- 2022, continue Philippe Jaunet. Nous en avons la légitimité.” En se regroupant et montant au créneau, les organisations économiques 100 % bio montrent que l’avenir de la bio française ne se décidera pas sans elles.
Christine Rivry-Fournier