La Commission européenne vient de publier une étude économique réalisée à partir des données européennes du réseau Rica (1) en grandes cultures et production laitière : « Agriculture bio comparée à l'agriculture conventionnelle : laquelle des deux est la plus rentable ? »
Des données chiffrées de 2007 à 2009 ont été analysées : celles d’Allemagne, Autriche, France, Pologne et Espagne pour les grandes cultures et d’Allemagne, Autriche et France pour le lait. Les résultats financiers sont comparés à ceux du conventionnel, en prenant en compte également les subventions pour « fournir une image complète des revenus des agriculteurs par unité de travail ».
Sur la base de cet échantillon limité, sa conclusion est que, sur le plan des performances économiques, les résultats bio sont variables, et qu’aucune tendance claire ne se dégage entre bio et conventionnel. « Chaque pays et chaque secteur de production a des niveaux de revenus qui diffèrent par unité de travail annuel », conclut la note d'analyse de la Commission (2).
Plus de main d’œuvre et des prix de vente supérieurs
Les pratiques de l'agriculture biologique sont plus extensives, sauf sur le plan de la main-d'œuvre, « la bio exige plus de travail à l’hectare ou par vache », constate l’étude de la Commission. Les fermes bio utilisent moins d’intrants, excepté sur le poste du carburant qui est en moyenne comparable. Les rendements sont plus faibles en bio, « cette tendance étant renforcée par le fait que les exploitations bio sont le plus souvent situées dans des zones moins favorables à la culture, notamment en blé », note-t-elle. En revanche, les prix de vente compensent ce différentiel de rendements, résume-t-elle. « En lait, pour les 3 pays étudiés sur cette période, les prix bio ont plus augmenté que ceux du conventionnel. »
Coûts de production pas forcément plus faibles
Si les consommations intermédiaires sont moins élevés en bio, cet avantage est en partie annulé par la hausse des amortissements par unité de production, « lié aux investissements en outils mécaniques ramenés aux tailles de fermes plus petites en bio ». Par conséquent, en France et en Autriche, les coûts globaux de la production à l'hectare en grandes cultures bio sont assez proches de ceux des conventionnels, alors qu'en Allemagne, l'Espagne et la Pologne, ils sont nettement plus faibles. Pour le lait allemand et autrichien s, les coûts moyens par vache sont légèrement plus élevés en bio. Ils sont plus faibles en France. Au final, «les coûts de production des fermes biologiques ne sont pas nécessairement plus faibles », conclut l’étude.
Marge nette plus ou moins meilleure
En raison d’une consommation en intrants plus basse et de prix de vente supérieurs, les marges nettes par unité de production sont, en général, plus élevées, mais avec des bémols, « sauf si la perte de rendement est trop forte, comme ce peut être le cas parfois en céréales », nuance l’analyse. Calculé par unité de travail, les marges nettes peuvent se réduire. En lait et grandes cultures, sur cet échantillon étudié, « les subventions, notamment les primes environnementales, jouent dont un rôle important dans le maintien du revenu des agriculteurs biologiques », affirme l’étude de la Commission. Celle-ci indique néanmoins qu’en France, sur cette période, la part des aides dans le résultat des bio est inférieure à celle enregistrée chez les conventionnels. Globalement, « les agriculteurs biologiques reçoivent moins d'aides directes ».
Au final, il semble difficile de départager conventionnel et bio sur les bases de la performance économique, juge cette analyse.
C.R-F
L'étude en détail ici (en anglais)
(1) Cette étude s’appuie notamment sur les données du Réseau d'information comptable agricole (Rica)( Farm Accountancy Data Network- FADN), basées sur des enquêtes annuelles auprès des fermes européennes. L'objectif est de suivre les évolutions de l’économie des exploitations agricoles et d'évaluer les impacts de la Politique agricole commune.
(2) La Commission a également publié en octobre un rapport sur la production biologique dans l’Union Européenne basée sur l’année 2011.