Après 3 ans et demi de travaux, entre 2007 et 2010, Corepig arrive à son terme. Ce programme européen sur la prévention de la santé des porcs en élevages biologiques offre un état des lieux jusqu’alors inexistant.
Coordonnés par Interbio Bretagne, les partenaires français de ce programme inédit ont restitué ces travaux le 14 décembre à Rennes. Les résultats d’une étude de longue haleine en Allemagne, Autriche, Danemark, Suède, France, Italie. Dans chacun des 6 pays enquêtés, un échantillon d’une vingtaine d’élevages a été ausculté. Au total, 104 élevages ont été passés à la loupe, dont 101 avec truies. En France, ceux-ci se situent en Bretagne, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes. Une mine d’informations sur les différentes pratiques.
Enquêtes à travers l’Europe
Les exploitants se sont prêtés au jeu de 130 questions posées en face à face en 2008. Les thèmes abordés étaient les suivants : caractéristiques de la conduite, logement des animaux, santé et bien-être, conduite des truies. “Ce devait être des éleveurs naisseurs-engraisseurs, avec 15 truies minimum par élevage, rapporte Armelle Prunier, à l’Inra de Saint-Gilles (Rennes), en charge du suivi scientifique et technique. Pour des raisons pratiques, nous les avons choisis sur un rayon de 200 km. À cause des longues distances à parcourir en Suède, seuls 13 élevages ont pu y être enquêtés. Tous devaient être en bio depuis au moins deux ans, sauf au Danemark.” Dans ce pays en effet, de nombreuses porcheries bio ont vu le jour en 2008 pour répondre à la demande croissante.
Quels constats sur les pratiques ?
La moitié des élevages français ont plus de 7 ans, alors que le Danemark recense de très jeunes et grosses structures bio au moment de l’enquête (près de 140 truies et 2000 porcs charcutiers par unité). Si l’Allemagne est le 1er pays producteur en Europe… et de loin (18000 truies et 250 000 porcs charcutiers abattus en 2009, soit 5 fois plus qu’en France), l’Italie se démarque nettement par ses pratiques : majorité de races locales, petits élevages et vente directe, période d’engraissement plus longue, parcours en sous-bois… Dans les autres pays, les races sont à peu près identiques au conventionnel (Duroc, Piétrain…), bien que la France compte aussi des cheptels de tailles réduites avec races locales. La majorité des cochons danois évoluent en plein air tout au long de l’année (naissage compris), quand leurs congénères suédois mettent le groin dehors en été.
Forte diversité
Les éleveurs français et allemands ont souvent d’autres ateliers (volailles de chair, bovins à l’engrais). Quels que soient les pays, la majorité des exploitations porcines fabrique entre 1 et 6 aliments à la ferme, bien que très peu soient autosuffisants. Question mortalité, 80 % des éleveurs européens observent qu’elle intervient dans les trois premiers jours après la mise bas. “C’est le cap difficile à passer pour les porcelets”, souligne Armelle Prunier. Quant aux diarrhées, elles seraient un problème pour 40 % d’éleveurs en France et en Allemagne. “Globalement, en bâtiment ou plein air, il y a des diversités de pratiques au sein mêmes des élevages, ce qui rend difficile d’identifier des types de conduites à des problèmes spécifiques”, confie la scientifique. Corepig a néanmoins livré de précieux outils sur la santé, inspirés du concept Haccp (analyse des points critiques pour leur maîtrise) pour émettre des diagnostics. “Ils pourront aussi jouer un rôle pédagogique dans les lycées”, assure Armelle Prunier.
Frédéric Ripoche
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Les partenaires de Corepig
- Coordonné par le Danemark
- 6 pays associés pour l’enquête (cités ci-dessus).
- Autres pays partenaires : Royaume-Uni, Suisse
- Partenaires techniques français : Interbio Bretagne (coordination), Inra de Saint-Gilles, chambres d’agriculture de Bretagne et Pays-de-la-Loire, Fédération Régionale des Agriculteurs Bio de Bretagne (avec Agrobio 35 et Gab 29), GabLim, Itab, École nationale vétérinaire de Nantes.