En queue des régions françaises pour ses surfaces en bio, le Nord-Pas-de-Calais lève progressivement ses blocages.
De tradition industrielle, son agriculture, basée sur la betterave à sucre, les céréales et la pomme de terre, était peu réceptive aux conversions. “Les agriculteurs ont réalisé de lourds investissements en matériels qui les empêchent de changer de systèmes”, rappelle Danièle Plouvier d’A Pro Bio, l’interprofession bio régionale. En 2010, 219 fermes sont en bio, 123 dans le Nord et 96 dans le Pas-de-Calais, soit 1,5 % des exploitations de la région, cultivant au total 6 013 hectares, dont 4 560 ha en bio et 1 453 ha en conversion. Or, même si elle grignote du terrain – elle a tout de même fait un bond de 37 % en un an (1) –, la bio ne couvre encore que 0,7 % de la SAU (Surface agricole utile) de la région, loin derrière la moyenne nationale. “Même si la filière a mis du temps à décoller, elle commence à s’affirmer, soutenue par les collectivités, et certaines villes ont affiché des objectifs de restauration bio pour les cantines scolaires.” 1,5 million de repas contenant des denrées bio sont déjà servis aux enfants, et la tendance se renforce. La mairie de Lille assure que d’ici 2014, la moitié des repas des écoles sera bio (ou issus de l’agriculture de proximité). Depuis avril 2009, la région a choisi 5 lycées volontaires pour expérimenter ce choix et devrait étendre son action. Outre le Conseil régional, les Conseils généraux, les intercommunalités, et les communes conjuguent leurs efforts avec les professionnels de la filière et les associations, épaulés par A Pro Bio. Le réseau qui compte 323 transformateurs et 116 distributeurs, noue des partenariats, comme celui passé avec la communauté d’agglomération de l’Artois.
Ouverture sur l’Europe
“Situé aux portes de l’Europe du nord, très dynamique en bio, le Nord-Pas de Calais a une carte à jouer. Ses liens avec la Belgique sont très forts. Nous voulons accentuer notre ouverture à l’international”, affirme Danièle Plouvier. La présence en 2011 au salon Biofach en Allemagne de quatre entreprises “ch’ti” n’est qu’un début. Sur son territoire, l’interprofession A Pro Bio, soutenue par le Gabnor (groupement des producteurs), accentue les opérations de communication et de promotion. Le dernier weekend de septembre, une quarantaine d’animations ont été programmées, avec des visites de fermes et de sites de transformation et de restauration. La bio du nord de la France prend de l’assurance, et les maraîchers, qui ont été les premiers au front, se sentent aujourd’hui beaucoup moins isolés.
C. R.-F.
(1) chiffre Agence Bio