2021 démarre avec le lancement d’un nouvel affichage environnemental : Eco-score entre en scène sur les produits alimentaires. Eh oui, encore une mention nouvelle apposée sur les étiquettes, qui commencent à saturer, me direz-vous ! Dans cette jungle de logos et labels, encore une fois, comment le consommateur va-t-il s’y retrouver ? Et la bio dans tout ça, saura-t-elle se démarquer ? Autant de questions récurrentes au cœur du débat actuel sur l’avenir du mode de production biologique.
Et tout s’accélère, dans un monde où le lien étroit entre santé et environnement commence enfin à être reconnu. Cette évidence, clé de voûte des systèmes bio, aura mis du temps à émerger… Mais, point positif – hélas s’il en est –, la pandémie de la Covid-19 aura néanmoins réussi à accélérer cette prise de conscience. En dehors de toute polémique, la majorité des scientifiques s’accordent à reconnaître les corrélations entre déforestation, recul de la biodiversité, agriculture intensive et émergence de nouveaux virus. Alors rien n’est plus d’actualité que de protéger, et aussi restaurer l’environnement, grâce à nos régimes alimentaires. Une urgence.
Pour les promoteurs d’Eco-score, cet affichage entraîne un cercle vertueux : le choix des consommateurs vers des produits aux notes (de A à E) les plus favorables va pousser les agriculteurs et les transformateurs à progresser. Ce, à l’instar du Nutri-score qui a contribué à des modifications de recettes vers des produits plus sains. Si Nutri-score est l’émanation d’un organisme public, Santé publique France, Eco-score – dont le visuel est un peu ressemblant – est le fruit du travail de partenaires privés et d’acteurs du numérique. Pour autant, sa méthode se veut la plus complète possible.
Pourtant on s’interroge. Eco-score va-t-il être un atout pour les produits issus de l’agriculture bio ? Donc pour tous les agriculteurs et transformateurs engagés dans des pratiques de production les plus favorables à l’environnement et au bien-être animal ? En effet, la méthode d’Eco-score s’appuie sur Agribalyse, la base de données de l’Inrae et de l’Ademe, rassemblant les analyses de cycle de vie (ACV) de 250 matières brutes, et de 2 500 produits transformés. Et c’est là que le bât blesse, car établies sur 14 indicateurs et sur les kilos produits, ces ACV valorisent les systèmes les plus intensifs.
Le sujet est complexe, et la recherche s’y attelle autour de l’Itab et l’Inrae. Car le point faible de la bio reste sa productivité, et ses rendements en moyenne plus bas qu’en conventionnel. Et Agribalyse ne prend pas en compte, pour l’instant, les indicateurs de biodiversité, de stockage de carbone, et d’impacts des pesticides… Autant de services agroenvironnementaux essentiels rendus par la bio, qu’il faut réussir à mesurer. Même si Eco-score compense en attribuant des bonus pour les différents systèmes bio, est-ce suffisant ? Quel Eco-score peuvent afficher par exemple, les produits issus des multiples microfermes en maraîchage qui maillent le territoire, favorisant la biodiversité, la vente directe, l’emploi, la redécouverte des saveurs et des légumes oubliés, le lien social ? Un pan dynamique et innovant à découvrir dans ce premier Biofil de 2021.
Christine Rivry-Fournier
Toute l’équipe de Biofil vous souhaite ses meilleurs vœux pour 2021 !