Mené de 2010 à mars 2014 avec un financement Interreg, Phytobio réunit autour de la thématique des biopesticides cinq laboratoires de recherche – trois en France et deux en Belgique.
Ce travail est mené en partenariat avec des centres de recherche appliquée – PCG et Inagro en Flandres –, ainsi qu’avec le Gabnor, groupement des agriculteurs biologiques du Nord-Pas-de-Calais. “Notre point de départ c’était vraiment l’agriculture biologique, explique Philippe Jacques, de l’université Lille 1 et coordinateur du projet. La demande est très forte dans ce domaine, si bien que notre objectif était d’aller jusqu’au transfert et l’application au champ.”
À l’étude, une famille de biomolécules capables de protéger les cultures : les lipo-peptides, produites par les bactéries Bacillus subtilis (ces dernières sont à la base de plusieurs produits commerciaux aujourd’hui homologués en France). Phytobio a étudié de près la possibilité d’utiliser directement ces molécules. “Au fil du projet, nous les avons étudiées, nous en avons découvert six nouvelles, et nous avons analysé leurs mécanismes d’action. Ensuite, nous avons développé un procédé de fabrication de ces molécules, le but étant de se rapprocher des conditions classiques d’utilisation chez les agriculteurs, ne pas modifier leurs pratiques.”
Produit biodégradable
Quatre maladies fongiques sur quatre espèces ont été étudiées – et des résultats d’efficacité confirmés : le mildiou de la laitue, la fusariose du poireau, la septoriose du blé, le botrytis de la vigne. Le produit se pulvérise, sauf pour le poireau pour lequel il faut opérer par trempage des racines. “L’efficacité est équivalente ou supérieure aux produits phytosanitaires chimiques, annonce Philippe Jacques, pour un produit biodégradable, jusqu’à 4 000 fois moins toxique qu’une molécule chimique.”
Une start-up, nommée Lipofabrik, a été créée en décembre 2012 pour développer la production de ces molécules. “La prochaine grosse étape sera l’homologation, nous cherchons actuellement des partenariats avec des entreprises du secteur.” Le processus devrait prendre quatre à cinq ans au bas mot. Reste à savoir si ce type de molécules pourrait entrer dans la catégorie des substances de base ou à faible risque, ou bien devrait rester dans le cadre de la procédure classique d’homologation d’une substance active phytosanitaire. “C’est encore un point d’interrogation. Passer par une procédure simplifiée pourrait réduire le coût d’un facteur 20, et le temps aussi sans doute.”
Quant à la recherche, elle continue sur ce projet, avec un financement régional, “pour poursuivre, notamment avec la Fredon, en se concentrant sur la septoriose du blé”.
Myriam Goulette
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