Aux jeunes qui choisissent leur orientation professionnelle ou à ceux souhaitant changer de voie, la bio est un vivier, avec des métiers nombreux et passionnants et plus que jamais, d’avenir. Opter pour des formations spécialisées en bio est une question de survie pour la planète. Des compétences pointues – scientifiques, techniques, économiques, etc. – sur ce mode de production sont indispensables pour relever tous les défis. Et c’est là le hic… Il faut bien les chercher ces cursus tournés, fléchés, ciblés vers la bio, car ils ne sont pas si nombreux. Certes la bio, on en parle partout, on saupoudre, on compare, on critique… Mais en réalité, on la dilue beaucoup dans un camaïeu de vert.
Bonne nouvelle, grâce à Formabio, et à son site internet tout juste relooké, il est plus facile d’obtenir des renseignements. Tout du moins, sur les cursus par voie scolaire et en apprentissage, de la 4e jusqu’à la licence Pro, et aussi en BPREA et en certificats de spécialisation. Ce, à condition que les établissements demandent la reconnaissance de leurs formations à orientation bio. Pour les écoles d’ingénieurs ou les universités, c’est moins évident. Peu de spécialisations. Dommage, l’école de la bio reste encore, bien trop souvent encore, au fond de la classe. Biofil y consacre le dossier de ce numéro 141 et la liste des formations certifiées sont à retrouver dans l’annuaire qui le complète.
Or on le sait, déployer judicieusement la bio, et surtout sensibiliser à l’urgence de modifier les pratiques agricoles et les habitudes alimentaires passe aussi et surtout par de la pédagogie, donc un enseignement de qualité. De plus, faire découvrir davantage, à tous, dès le plus jeune âge, le fonctionnement du vivant et le respect des écosystèmes, éviterait bien des inepties et contre-vérités entendues çà et là, sur les réseaux sociaux par exemple, qui en regorgent ! Et qui freinent, avec les lobbies, les avancées écologiques.
Avec l’invasion de l’Ukraine et ses conséquences, le spectre des pénuries alimentaires ressurgit. Une aubaine pour les détracteurs de la bio. Pourquoi alors, certains pays comme le Yemen souffrent-ils encore de malnutrition inadmissible avec une agriculture conventionnelle sur plus de 95 % des terres arables mondiales ? Chacun le sait, c’est la guerre et la spéculation qui engendrent les famines. Et les pesticides et engrais de synthèse qui rendent l’eau non potable, les sols infertiles et l’air vicié, la course aux rendements et à l’élevage intensif qui détruisent les forêts, les puits de carbone et la paysannerie.
C’est urgent : changer les mentalités, modifier et adapter les pratiques, stopper l’usage de produits et de techniques nocifs à l’environnement, à la santé et source d’émissions de CO2, est autant d’évolutions à faire germer et prendre racine à l’école, à tous les stades. En France, les efforts réalisés avec le plan EPA – Enseigner à produire autrement –, lancé en 2014 pour favoriser l’agroécologie, suivi en 2020 du EPA 2 sont-ils suffisants en réponse aux multiples défis environnementaux et aux attentes des jeunes touchés par de l’éco-anxiété ? On en doute. Les positions radicales, qui émergent dans tous les sens, montrent bien leur désarroi. Alors, ne désertez surtout pas : osez l’école biossonnière pour réussir les défis immenses d’une agriculture bio capable de nourrir la planète sans la détruire.
Christine Rivry-Fournier