Les filières bio des coopératives se mobilisent pour répondre aux fluctuations de la demande, et si besoin réorienter leurs débouchés. (©DR)
Aujourd’hui, 600 coopératives, unions et filiales, sont engagées en bio (sur les 2 300 que compte la France, dont 93 % sont des TPE-PME). « Depuis le début du confinement, la coopération agricole se mobilise pour trouver des solutions, accompagner les producteurs et continuer à faire tourner la chaîne alimentaire pour approvisionner les magasins dans les meilleures conditions, résume Jérôme Caillé, président de la commission bio de La coopération agricole (ex Coop de France). Ce n’est pas évident, les contraintes sont énormes. » Ce polyculteur-éleveur dans les Deux-Sèvres, administrateur de Terrena, reconnaît que « tout le monde a joué le jeu et a su être réactif. Il a fallu réorganiser les filières, surtout celles investies en RHD, circuit qui monte en puissance, et réorienter les débouchés. Nous bénéficions de structures commerciales qui ont vite su s’adapter. »
Des professionnels réactifs et agiles
Fonctionnant en majorité en filières longues, les coopératives ont l’avantage de bénéficier d’outils performants, de l’amont à l’aval, stockages, transformation, logistique, etc. En bio, elles sont présentes sur toutes les filières, et regroupent les trois quarts de la collecte en grandes cultures, en nutrition animale, volailles de chair, porcs, 60 % en agneaux… Quelques coopératives sont dédiées à la bio, notamment les pionnières, comme Cocebi, Biocer, Corab…, mais la majorité émane de structures mixtes. « C’est vrai, le marché bio est perturbé, mais s’en sort plutôt bien, même si certaines filières, comme le vin ou la viande bovine, sont plus impactées », constate Jérôme Caillé. Pour s’adapter à cette crise du Covid-19, les professionnels bio ont été réactifs et ont fait preuve d’agilité : en viande, il a fallu revoir l’équilibre matière, le calibrage, l’emballage ; en fruits et légumes, gérer les excédents et réorienter les débouchés ; en produits laitiers et œufs, répondre aux fluctuations des demandes, avec des pics et des creux… « En poulet et dinde, on a déstocké, et les demandes affluent de toutes parts », précise l’éleveur, dont la production est écoulée par Bodin. « Notre filière est en totale autonomie, donc nous sommes sécurisés. Le prix supérieur de la bio française est pleinement justifié, pour assurer une rémunération juste des producteurs. »
Dynamisme confirmé par l’enquête Nielsen
« Tout ce travail de réorganisation dynamise le marché bio, car il n’y a pas de rupture de stock, tous les produits sont disponibles », se réjouit Jérôme Caillé. L’enquête Nielsen, parue le 8 avril, confirme le renforcement de la bio en ces temps troublés. « Depuis le début de la séquence Covid-19, les produits bio sont non seulement en très forte croissance en grandes surfaces mais en plus l’écart avec les produits conventionnels se creuse : d’environ 14 points début février, cet écart a parfois dépassé les 20 points depuis », constate l’étude. Les magasins spécialisés connaissent eux aussi un boom de leur activité, tout comme le drive, les points de vente de producteurs… « C’est connu, chaque crise sanitaire booste notre secteur, les consommateurs cherchent à être rassurés, se tournent vers le local, analyse Jérôme Caillé. Mais attention à l’atterrissage, il va falloir l’anticiper, et surtout conforter l’origine française de tous les approvisionnements, y compris le soja. »
Christine Rivry-Fournier
En savoir + :
Étude Nielsen du 8/04/20 "La santé du bio en France au révélateur du Covid-19" : https://www.nielsen.com/fr/fr/insights/article/2020/la-sante-du-bio-en-france-au-revelateur-du-covid-19/