Un million d’espèces menacées et nous, et nous, et nous... ? À l’heure où s’achève la Cop 15 de la Biodiversité, le 19 décembre 2022 à Montréal, s’entrouvre un nouvel espoir à travers l’accord historique signé par près de 200 pays. Des engagements sans précédent sont pris pour stopper et inverser la destruction des écosystèmes. Enfin ! Le temps presse. Au pied du mur, une prise de conscience mondiale a lieu.
Sauvez la nature ! Il y a urgence, le niveau d’alerte est dépassé : 75 % des écosystèmes mondiaux sont endommagés par l’activité humaine. L’ambition de cet accord touche en direct les 8 milliards de personnes sur terre. La question de leur survie est en jeu, sachant l’importance vitale d’une biodiversité riche et vivante pour la santé de la planète, et donc de chacun d’entre nous. Les pays s’engagent donc à protéger « au moins 30 % des terres, des mers et des écosystèmes d’eau douce d’ici à 2030 » .
C’est une première ! L’accord promet de réduire d’ici là de moitié les risques liés aux pesticides et de doubler les financements pour la protection de la nature. Les États acceptent d’augmenter les pratiques agroécologiques, de lutter contre les subventions néfastes à l’environnement, ou de pousser les entreprises à publier leurs résultats sur la biodiversité. Les peuples autochtones dont le rôle dans la conservation de la nature est essentiel obtiennent aussi des garanties.
Côté pile, ces avancées sont positives. Côté face, rien n’est suffisant, car aucun engagement n’est contraignant, et les pays en développement estiment leurs contreparties trop maigres pour empêcher par exemple la déforestation à outrance. Parmi les 23 mesures, déployer l’agroécologie est un vaste programme, mais que se cache-t-il réellement derrière cette démarche sans certification ? La controverse a été au cœur des Assises de l’agriculture et de l’alimentation bio fin 2022 à Paris. La confusion règne.
La bio en fait-elle les frais ? Alors que son cahier des charges consolide sa démarche, pousse ses itinéraires techniques dans leurs retranchements et garantit l’absence d’utilisation de pesticides et d’engrais de synthèse,
l’agriculture biologique doit sans cesse réexpliquer ses bénéfices en faveur de l’environnement, de la santé et de la société. Ses externalités positives pour l’eau, le sol, la biodiversité sont indéniables, prouvées scientifiquement, certes toujours améliorables.
Déployer la bio sur la planète, sur au moins les 30 % des terres à protéger selon l’accord de la Cop 15 de la Biodiversité, serait un moyen efficace pour atteindre les objectifs fixés. Son cahier des charges déjà testé par des millions d’agriculteurs et de transformateurs et peaufiné au fil des années est une chance et une opportunité pour régénérer la biodiversité partout dans le monde. La bio est la boussole de l’agriculture. Biofil ne cesse de le montrer à travers ses reportages. Or le marché ne peut, à lui seul, soutenir tous ces efforts. Espérons que 2023 accentue l’accompagnement aux filières, pour une vraie transition écologique rimant avec biodiversité.
Meilleurs vœux de l’équipe de Biofil à toutes et tous !
Christine Rivry-Fournier