Alors que la sécheresse impacte fortement le volume des récoltes, les groupements de producteurs 100 % bio doivent aujourd’hui faire face à deux nouvelles difficultés majeures : « La très forte augmentation du coût de l’énergie et le renouvellement des contrats d’électricité sur des bases tarifaires hors normes, avec des délais de renégociation beaucoup trop courts » , pointe Mathieu Lancry, président de Forebio, regroupant 18 organisations de producteurs 100 % bio des filières lait, viande, fruits et légumes, grandes cultures, soit 25 % de la bio française.
Pour récolter, réceptionner, trier voire transformer puis conserver leurs productions, les filières céréales et maraîchères bio ont investi dans des installations respectueuses des normes sanitaires et environnementales . Pour les maraîchers bio de cultures de conservation, qui ne seront commercialisées qu’au printemps, les chambres froides sont indispensables pour stocker en toute sécurité les fruits et légumes. Aujourd’hui, le contexte fragilise ses adhérents : « Le coût de l’électricité de ces installations est multiplié par trois pour les maraîchers et jusqu’à cinq pour les céréales, soit 30 à 40 € supplémentaires par tonne collectée » , souligne Mathieu Lancry. Par exemple, les coopératives bio Biocer en Normandie, et aussi Probiolor dans l’Est, sont au pied du mur, et d’autres sont en difficulté.
L’avenir de la filière bio en question
Des producteurs envisagent de modifier leur stratégie de stockage en vendant immédiatement faute de pouvoir supporter financièrement les coûts de l’énergie. Chez les céréaliers, certains vont devoir réduire leur activité, et même fermer des silos, pour pouvoir survivre. Si l’effet immédiat va provoquer une diminution des capacités de stockage et de conservation, la hausse du coût de l’énergie entraînera bien à moyen terme un risque pour assurer la souveraineté alimentaire de la France. « Pour nos groupements, la répercussion des hausses du coût de l’énergie sur les presque 1 000 producteurs qui les approvisionnent n’est pas acceptable. Elle n’est pas non plus possible auprès de leurs clients, transformateurs de matières premières bio, eux-mêmes déjà impactés par les hausses , insiste Forebio dans son communiqué. C’est bien l’ensemble des acteurs de la filière qui est concerné. C’est l’avenir des filières biologiques qui risque d’être compromis, alors même que les pouvoirs publics investissent depuis des années pour développer la bio sur le territoire. »
Un plan de sauvegarde en urgence
Pour tous ces acteurs, il est urgent que les pouvoirs publics soutiennent l’ensemble des entreprises de la filière bio, qui œuvrent depuis plus de 30 ans à développer une agriculture biologique responsable et durable. « Il en va de la survie de nos producteurs, des opérateurs économiques et de toute la filière biologique », insiste les adhérents de Forebio. La sonnette d’alarme est tirée, alors que le tassement de la demande, lié à l’inflation et les baisses du pouvoir d’achat, vient accentuer les difficultés. Et ce, malgré des efforts de communication effectués cet automne par l’Agence Bio, les interprofessions, les distributeurs et les transformateurs. Des magasins spécialisés sont en redressement judiciaire.
Les demandes d’aides à la bio, via un plan de sauvegarde, ne sont pour l’instant pas entendues : elles viseraient à mettre en place des soutiens en fonction des difficultés des filières. Le 27 octobre, le gouvernement a débloqué 12 milliards d’euros pour aider les entreprises – TPE, PME, associations et collectivités territoriales – face aux hausses énergétiques, via trois mécanismes : un amortisseur électricité, la simplification du guichet unique et le renforcement du filet de sécurité des collectivités. Une enveloppe dont doivent se saisir les acteurs de la bio.
En savoir + : forebio.info