Déjà 20 ans – une génération – que Biofil accompagne la filière bio aux champs, à l’étable, dans les essais, les vergers,les ateliers de transformation, les magasins, les salons,les colloques et multiples congrès organisés par tous les acteurs de la filière... 20 ans sur le terrain à rencontrer les acteurs, pionniers et nouveaux venus, idéalistes ou anciens conventionnels, parfois opportunistes, de venus les plus fervents ambassadeurs de la bio... 20 ans à suivre à la loupe l’évolution réglementaire, ses enjeux complexes, les combats parfois fratricides pour éviter de perdre de vue les fondements même de ce mode de production... 20 ans à traquer les évolutions techniques, la subtilité des systèmes et des innovations en interpellant les organismes de développement et de recherche...Bref, 20 ans à vous offrir, tous les deux mois, un magazine professionnel dédié à la production bio, reflets de la diversité de cette filière montante et inspirante. Un outil pour vous relier à la filière.
Nous aussi, les journalistes, témoins et courroies de transmission, avons subi des regards amusés, voire moqueurs, parfois dédaigneux, de nos confrères de la presse agricole spécialisée, porte-paroles du modèle conventionnel dominant. Mais tout ça, c’est du passé. Les chiffres sont éloquents : en 1998, la bio française compte 143 000 hectares en bio et conversions, 5 914 fermes et 0,5 % de part de marché, soit 640 mil lions d’euros de CA. En Europe, elle est à la traîne. Une poignée d’irréductibles pionniers, visionnaires, considérés comme des marginaux, des idéalistes, dont Philippe Desbrosses, Claude Aubert, Benoit Canis, Hervé La Prairie... et d’autres personnalités interviewées ici dans nos colonnes, l’ont portée à bout de bras auprès des pouvoirs publics. Vingt ans plus tard, en 2018, elle titille les 2 millions d’hectares, 37 000 producteurs et dépasse les 8 milliards de CA. Et elle talonne l’Allemagne, leader en consommation (10 milliards d’euros), et l’Espagne, en tête des surfaces.
Changement d’échelle, révolution agricole, aventure collective… Une nouvelle ère démarre. La bio s’envole, explose, envahit tous les rayons des magasins et tous les médias. On a l’impression que la planète entière est devenue bio ! Or restons modestes, et rappelons-le, ce mode de production strict, réglementé, contrôlé, respectueux de la santé de la terre et des humains, ne représente encore que 6,5 % de la surface agricole utile, 8 % des producteurs, et 4 % du marché alimentaire français. On peut aussi penser que les consommateurs et les producteurs ont mis du temps à se réveiller, attendant les crises alimentaires pour ouvrir les yeux ! La marge de progression est encore immense. Il y a 20 ans, l’édito de Biofil évoquait déjà l’engouement pour la bio de la grande distribution, “afin de redorer son image”. On parlaitaussi d’offre insuffisante, voire de pénurie, des risquesd’importations et d’industrialisation, de chartre de partenariat, de l’urgence d’organiser les filières, d’enveloppeinsuffisante pour les aides… 20 ans après, ces thèmes sontrécurrents, mais la planète bio grossit, forcit enfle même,trop diront certains, pointant le risque de dérapage.
En 20 ans, le monde s’est transformé : le numérique, internet, les réseaux sociaux et les infotox (fakes news) modifient le mode de vie et le travail de chacun. Biofl aussi n’y coupe pas, même si ces pages quadrichromes que vous tournez “à l’ancienne” veulent rester une valeur sûre : des infos vérifiées, ciblées, analysées, creusées, mises en perspectives pour mieux préparer la bio de demain.
Christine Rivry-Fournier, rédactrice en chef de Biofil
Merci pour leur fidélité, à tous ceux qui nous ont soutenus : nos lecteurs, abonnés, partenaires annonceurs... En espérant continuer à accompagner la filière encore pendant longtemps.
L’équipe de Biofil