Salons Biofach et Vivaness : un marché actif, un futur à construire

Le 21/02/2014 à 12:13 par La rédaction


L’édition 2014 Biofach et Vivaness confirme la bonne santé durable du marché bio.
L’édition 2014 Biofach et Vivaness confirme la bonne santé durable du marché bio.

Du 12 au 15 février à Nuremberg en Allemagne, la planète bio s’est donné rendez-vous à Biofach et Vivaness. Ces deux salons, l’un à dominante alimentaire et l’autre, centré sur les cosmétiques, ont rassemblé 2 235 exposants de 75 pays, installés sur plus 42 000 m2.

Boostés par un marché porteur, près de 42 000 visiteurs professionnels internationaux venus de 134 pays ont fait le déplacement : en tête les Allemands, suivis des Autrichiens, Italiens, Français et Néerlandais.

25e anniversaire pour Biofach

2014 s’avère donc un excellent millésime pour Biofach qui fêtait cette année ses 25 ans. Présent à Nuremberg depuis 1999 (après un lancement à Munich), le salon mondial de la bio confirme son succès, avec la volonté d’être moteur dans le futur de la bio en rendant les tendances encore plus lisibles. L’édition 2014 compte pourtant 222 exposants de moins que l’an dernier. : “Si la surface et le nombre des exposants reculent légèrement pour la 3e année, cela est dû au regroupement des entreprises, et l’évolution du secteur qui se veut plus transparent”, indique Udo Funke, chef de projet de Biofach-Vivaness.

En tête des exposants, les Allemands (669), l’Italie (348), la France (152), l’Espagne (119), les Pays-Bas (89), ex aequo avec l’Autriche. Preuve du dynamisme du marché, le nombre de visiteurs, lui, est en légère hausse, et surtout, “la fréquentation est très qualitative, professionnelle et ciblée, très motivée”, notent la majorité des exposants.

Marché allemand : + 7,2 %

Magasins de détail ou grande distribution, grossistes, importateurs, négociants, tous les acheteurs viennent y faire leur marché. 44 % des visiteurs sont des internationaux surtout d’Europe, un peu d’Asie et d’Amérique du Nord et du Sud. Mais la majorité émane du secteur allemand très dynamique, puisqu’il affiche une croissance de marché de 7,2 % en 2013 (7,55 milliards d’euros) par rapport à 2012.

Le trophée du 25e anniversaire décerné aux pionniers du salon : ici, la maison Delouis.
Le trophée du 25e anniversaire décerné aux pionniers du salon : ici, la maison Delouis.

Pour les Français, qui souhaitent exporter, ce salon reste incontournable : “Nous y rencontrons nos clients français et étrangers, et nouons toujours de nouveaux contacts”, expliquent-ils en majorité. Certains, comme Euro-Nat, Biofournil, Celnat, Brochenin, Émile Noël, Markal, les Coteaux Nantais…, sont présents à Biofach depuis presque les débuts de ce salon ; d’autres y participent depuis plus récemment ; d’autres encore pour la première fois : c’est le cas par exemple, sur l’espace d’Interbio Limousin, de Simplibio qui démarre une gamme de biscuits sucrés et salés spécifiques sans lactose, ou Marcel avec sa gamme de jambon (lire dans un prochain article de la revue Biofil 93 les témoignages de ces entreprises).

Léger recul du nombre d'exposants français

Le pôle français bénéficie d’une bonne visibilité.
Le pôle français bénéficie d’une bonne visibilité.

Au total, 152 entreprises françaises y ont exposé cette année, un nombre en léger recul par rapport à 2013 (172) et 2012 (184). “Lorsque des contacts sont suffisamment établis et les contrats engagés, certains optent pour une présence une année sur deux, d’autres ne viennent plus qu’en visiteurs”, résume un observateur aguerri.

Les stratégies des entreprises diffèrent aussi pour le choix de l’emplacement : la majorité des exposants français se regroupe sur le pôle français (dans le hall 1), – très repérable par sa couleur dominante commune vert-jaune fluo –, ou dans l’un des 9 stands régionaux, certaines entreprises comme l’huilerie Bio Planète ou Triballat préfèrent s’immerger dans les autres halls, notamment ceux accueillant les Allemands (dont le nombre est aussi en repli, avec 669 exposants, contre 732 en 2012).

Attirer les acheteurs allemands

Afin de séduire les acheteurs allemands sur le pôle français, la Sopexa (groupe marketing international alimentaire, vin et art de vivre en charge du pavillon française) organise, entre autres prestations, des animations, autour d’un coin cuisine et de son chef : de nombreuses dégustations, très prisées, y sont proposées. Pour la 1ère fois, les acheteurs allemands y ont été conviés, sous l’égide d’une opération organisée en partenariat avec une revue spécialisée allemande “Ein Herz für Bio” et l’Agence Bio. “L’occasion de rencontrer de nouveaux prospects, de faire connaître nos entreprises et la diversité de nos produits. L’accueil a été très positif, et nous comptons encore améliorer la mise en relation des opérateurs”, se réjouit Patricia Tranvouez, responsable du pavillon France pour Sopexa.

Patricia Tranvouez, responsable du pavillon France pour Sopexa et Dr Klaus-Jürgen Holstein, consultant.
Patricia Tranvouez, responsable du pavillon France pour Sopexa et Dr Klaus-Jürgen Holstein, consultant.

Faciliter les échanges

Ces échanges améliorent la connaissance du marché allemand – réputé jusqu’à récemment difficile à pénétrer – afin de mieux comprendre comment il s’articule et mieux le cibler. “Nous avons organisé une remise de trophées aux chaînes de distribution allemandes très engagées dans la bio, explique Klaus-Jürgen Holstein, directeur de Ein Herz für Bio. Les lauréats ont été ravis d’être invités sur le pavillon français.” Ainsi, des représentants d’Edeka, leader en grande distribution en Allemagne avec 13 000 points de vente de toutes tailles, et 8 % de ses références en bio dont des fromages français, ont pu échanger avec les Français. L’enseigne Tengelmann, forte de 500 magasins à Berlin, Munich, Cologne, Dusseldorf…, et à la tête d’une large gamme bio aussi était présente.

Nous élisons également les enseignes européennes les plus engagées dans le bio, telles Irma, une chaîne danoise dont le chiffre d’affaires bio atteint 40 % ou l’autrichienne Rewe et sa marque Ya Natürlich, avec plus de 1000 références bio”, détaille Klaus-Jürgen Holstein, fin connaisseur du marché de la grande distribution. À noter que l’Allemagne compte aussi une quinzaine de grossistes qui alimentent en bio les magasins spécialisés.

Plusieurs “univers” sont mis à l’honneur : ici l’huile d’olive, avec remise des prix aux lauréats du concours, mais aussi le fromage, le vin, le poisson et le café.
Plusieurs “univers” sont mis à l’honneur : ici l’huile d’olive, avec remise des prix aux lauréats du concours, mais aussi le fromage, le vin, le poisson et le café.

Un marché attractif

La 25e édition de Biofach s’avère positive pour la plupart des exposants français. Même s’il est toujours difficile de tirer un bilan aussi rapidement après la fermeture des portes, les premières tendances sont très optimistes. Les contacts sont encourageants et prometteurs. Il faut dire que la France bénéficie d’une bonne image de marque, avec des produits de qualité, variés, innovants et tracés.

Dans un contexte où l’Italie a perdu une partie de sa crédibilité, épinglée fin 2011 par l’opération “Chat botté” des autorités italiennes qui a décelé une fraude de grande ampleur (portant sur 100 000 t de grains et autres productions- voire plus), les pays importateurs dont l’Allemagne se tournent vers l’Hexagone. D’autant plus que le marché allemand poursuit sa croissance alors que la production stagne un peu partout en Europe. Côté production, l’Allemagne enregistre une hausse de 1 % de sa surface bio en 2013 (soit 1 044 953 ha).

L’univers fromage dévoile la large gamme européenne.
L’univers fromage dévoile la large gamme européenne.
La grande diversité des produits présentés sur le pôle innovations prouvent le dynamisme international du secteur bio.
La grande diversité des produits présentés sur le pôle innovations prouvent le dynamisme international du secteur bio.

Courtisés, les opérateurs français ne semblent pas pour autant inquiets sur leurs approvisionnements, notamment en raison des conversions opérées en 2011 en France, et qui arrivent sur le marché. Ils espèrent néanmoins la mise en place rapide de nouveaux engagements d’agriculteurs français pour alimenter les filières en essor.

Le business mais pas seulement…

Pendant les 4 jours de Biofach, toutes les facettes du marché bio sont explorées : côté business, les nouvelles tendances marketing, les indicateurs économiques, l’ouverture aux secteurs non alimentaires mais aussi l’essor du commerce équitable, la recherche… Au cœur des débats, sous l’égide de l’Ifoam, lors de multiples conférences : les évolutions réglementaires notamment sur les importations, les contrôles, ainsi que le projet de la nouvelle réglementation européenne et le plan d’actions européen, tous deux attendus pour mars.

La prochaine édition, prévue du 11 au 14 février 2015, mettra à l’honneur les Pays-Bas. Ce pays de 60 000 ha bio et 1620 agriculteurs affiche en 2013 une progression de son marché bio de 13 % par rapport à l’année précédente, déjà en croissance de 14 %. Les ventes sur le marché intérieur atteignent donc 1,1 milliard d’euros. La part du commerce extérieur bio croît également de 10 % par an. En 2012, elle se montait à 789 millions d’euros. À noter que la France, avec plus d’un million d’hectares en bio, et un marché intérieur de 4,4 milliards d’euros a vendu, en 2012,  hors de ses frontières,  pour 309 millions d’euros d’aliments certifiés bio (1).

Christine Rivry-Fournier

(1)    Chiffres Agence Bio