À Vouillé, dans les Deux-Sèvres, producteurs, transformateurs et opérateurs de la grande distribution se sont réunis à l’occasion des 2e rencontres économiques de la transformation agroalimentaire bio.
Une centaine de rendez-vous en B to B avait été organisée pour mettre en relations les acteurs de ce marché. Lors d’un colloque, l’un d’entre eux, producteur de jus de fruits, a témoigné des difficultés rencontrées sur ce marché.
Jardins de l’Orbrie : 1ers pas en bio difficiles
Jacky Collet, PDG et fondateur des Jardins de l’Orbrie, explique que créer une gamme bio pour un transformateur conventionnel n’est pas chose facile. En 2001, il lance son activité de production de jus de fruits, convaincu par la démarche de proximité et l’avantage qu’elle lui procure vis-à-vis de la grande distribution dans un univers dominé par les sociétés multinationales. Il s’associe à un arboriculteur, qui dispose d’une vingtaine d’hectares de vergers. “Il y a 7 à 8 ans, nous avons voulu répondre à la demande du marché vers le bio. Mais, pour un transformateur, passer du conventionnel au bio représente un pas aussi difficile à franchir que pour un agriculteur. Nous avons réalisé que l’approvisionnement en bio, outre son surcoût, posaient des difficultés très spécifiques.” En pommes, dans son cœur de métier, les Jardins de l’Orbrie ne transforment que des fruits de table : “quand un verger traditionnel de 50 ha de fruits déclasse environ 20 % vers la transformation, en bio, cet écart de tri est bien moindre, d’à peine 10 %, sans compter que les vergers eux-mêmes sont plus petits. Notre approvisionnement devenait donc très difficile. La diversité des ressources a entraîné des contraintes logistiques fortes, parfois au détriment de la qualité des fruits, pour au final, un produit fini variable en qualité.” Dans ce contexte, pendant les premières années, les Jardins de l’Orbrie voient leur jus de pommes bio stagner à 1 ou 2 % de leur production.
Conversion et adoption de Juliette
Dans un second temps, les vergers sont convertis en bio : une démarche longue et coûteuse qui suppose de repenser la conduite et de modifier certaines variétés… tout en supportant le poids financier de la conversion. La totalité du verger est bio depuis 2 années. Dans le cadre de cette conversion, les deux associés découvrent la variété Juliette : “C’est une variété club, dont le développement passe par une organisation de mise en marché très structurée sur le mode de l’essaimage”, décrit Jacky Collet qui a passé des contrats avec des producteurs de pommes Juliette : “Cette variété présente l’intérêt d’être plus facilement adoptable techniquement par les arboriculteurs en conversion : cela nous permet d’élargir notre assiette de producteurs dont nous valorisons les écarts de tri et de sécuriser nos approvisionnements.”. Forte de cette organisation, l’entreprise a pu structurer son offre en bio : aujourd’hui, ce débouché représente 20 % de son activité. Il conclut : “Il a été plus simple de passer de 2 % à 20 % de bio que de passer 0 à 2 %. Le premier pas est vraiment délicat.”
Une piste, les marques régionales
Claude Gruffat, président de Biocoop, et Franck Brossard, gérant de magasins locaux, ont ensuite expliqué pourquoi, selon eux, seul un réseau de commerces de “proximité” peut porter les valeurs de la bio et ainsi garantir sa croissance : “la distribution de masse implique une agriculture de masse, sur le modèle productiviste.” En contre-exemple, ils citent “l’Angleterre où la distribution de produits bio n’est portée que par la GMS et qui voit son chiffre d’affaires régresser.”
Poitou-Charentes n’est pas la seule région à soutenir la dynamique de développement de l’activité bio : à l’image de la démarche des Pays-de-la-Loire, et sa marque Mon bio Pays, ou de celle du Languedoc-Roussillon, Sud-de-France, la région Rhône-Alpes a lancé il y a un an le label privé régional Bio Rhône Alpes. “C’est une démarche volontaire qui regroupe 18 entreprises et se positionne comme un label “d’aide à la vente”, décrit Adrien Petit d’Organics cluster, à l’origine de la démarche : le Cluster organise des animations, propose des flyers et des panneaux d’affichage pour le magasin… Chaque entreprise décide de bénéficier ou non des opérations et paye en fonction.
Françoise Foucher
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