L’Inra de Rennes a mené une enquête “à grande échelle” sur les motivations et les freins à la conversion. 307 éleveurs de bovins lait et producteurs légumiers de Bretagne et Pays-de-la-Loire ont été sondés.
Précisément, 233 producteurs conventionnels et 74 producteurs bio (conversion entre 2005 et 2010) ont été enquêtés de septembre 2011 à janvier 2012. L’étude d’une centaine de pages, coordonnée par la chercheuse Laure Latruffe de l’unité Structures et marchés agricoles, ressources et territoires (Smart) de l’Inra de Rennes, relève notamment que 58 % des producteurs bio enquêtés se sont convertis pour des raisons idéologiques. En conventionnel, 37 % des enquêtés franchiraient plutôt le pas pour des raisons économiques. Pour ces derniers, 48 % évoquent des freins techniques à la conversion, en particulier la maîtrise des adventices et des maladies, et 25 % d’entre eux, des freins économiques. Quelques soient les résultats financiers obtenus en mode conventionnel, ils ne seraient pas un facteur d’influence sur la décision de conversion. C’est ce qu’affirment 70 % des producteurs bio (66 % en conventionnel), cependant 50 % d’entre eux estiment que de bons résultats financiers obtenus en conventionnel ont servi leur prise de risque.
Quels projets dans les 5 ans ?
Que ce soit en production laitière ou légumière, près de 90 % des producteurs conventionnels enquêtés n’envisageraient pas de convertir tout ou partie de leur exploitation dans les 5 ans à venir. L’étude conclut, entre autres points, qu’une augmentation du niveau de subventions à la conversion et au maintien devrait inciter un plus grand nombre d’exploitants à se convertir, de même que les questions d’environnement et de santé, de plus en plus présentes dans la société. Pour les producteurs bio, 83,3 % des éleveurs n’envisagent pas de changer leur situation actuelle, ainsi que 63,6 % des producteurs légumiers. En lait bio, 8,3 % des éleveurs pourraient augmenter leur surface ou convertir un atelier, 18,2 % en production légumière. Enfin, aucun des exploitants bio enquêtés n’imaginent revenir à un mode de production conventionnel.
Frédéric Ripoche