Faire évoluer la bio de façon cohérente et en phase avec ses spécificités constitue un défi sur lequel se penche l’Itab (Institut technique de l’agricuture bio) et son réseau. Les Assises Revab (recherche-expérimentation-valorisation), tenues fin mars à Paris, ont été l’occasion de mieux cerner les voies à emprunter.
Approche globale, holistique, systémique, multidimensionnelle ou analytique ? Connaissances scientifiques ou empiriques ? Méthodologie, modélisation… Recherche fondamentale, finalisée, appliquée, participative… Autant de vocabulaire manipulé par le monde de la bio, notamment par l’Itab et son réseau et qu’il fallait avant tout définir. Les premières assises, tenues en 2006, s’y étaient attelées “afin de tous pouvoir parler le même langage”, résume Alain Delebecq, président de l’Itab. Suivies par une centaine de participants, ces 2e Assises ont poursuivi cette réflexion de fond lancée il y a 5 ans sur les particularités de la recherche et l’expérimentation en agriculture biologique. Techniciens, chercheurs, agriculteurs ainsi que tout acteur impliqué dans la bio ou dans la valorisation des connaissances acquises ont été invités à se joindre à ce débat fouillé, lors d’ateliers participatifs. “Ce travail innovant va contribuer à affiner les orientations prioritaires de l’Itab et de ses partenaires ”, précise le président.
Prototype de l’agriculture
Renforcer la recherche en bio : c’est indispensable, mais quelle recherche ? Peut-on parler d’une recherche spécifiquement bio ? Vianney Le Pichon, directeur du Grab, est nuancé : “Il existe sans doute quelques thèmes de recherche spécifiques à la bio, mais il n’y a pas de méthode de recherche exclusivement bio. Par sa complexité, l’agriculture bio incite tous les acteurs à adopter une approche globale, c’est-à-dire à croiser les regards, les échelles, les disciplines. Et c’est en cela que la bio joue un rôle primordial pour la recherche, comme prototype de l’agriculture de demain.”
Si la bio privilégie donc l’approche systémique, c’est-à-dire prenant en compte le système dans son ensemble, cela ne signifie pas pour autant qu'elle délaisse l’approche analytique : “La bio nécessite aussi de s’appuyer sur des travaux analytiques, notamment pour mieux comprendre les processus biologiques et écologiques utiles afin de contourner certains problèmes pratiques”, rappelle Vianney Le Pichon. Par exemple, connaître les cycles des maladies et des ravageurs est essentiel pour mieux appréhender les stratégies complémentaires de lutte. “L’approche systémique est un moyen privilégié pour organiser les relations entre le global et l’analytique”, complète Jean-Marc Meynard de l’Inra et président du Comité scientifique de l’agriculture bio. (...)
Christine Rivry-Fournier
Retrouvez l'intégralité de cet article dans Biofil 76.